Les assurtech Assurly et Seyna viennent d’annoncer le lancement d’Insurtech France, une bannière commune pour nos jeunes pousses françaises de l’assurance. Une sorte de « filière » nécessaire pour un secteur qui arrive à maturité, et qui va devoir faire face à une concurrence accrue venant de l’étranger.
Une année décisive pour nos assurtech
Les assurtech françaises ont connu une année bien chargée. Avec deux confinements et des restrictions de déplacements qui continuent de s’appliquer, de nombreux assurés ont choisi de faire confiance à ces nouvelles assurances digitales, qui ne nécessitent plus de se rendre en agence pour souscrire.
Après les inquiétudes du début d’année (les levés de fonds au premier trimestre ont subi un contrecoup de 36,8%, par rapport à un an plus tôt) les jeunes pousses se sont montrées résistantes, avec 2,2 milliards de levées cumulées au terme du premier semestre 2020, soit à peine moins qu’en 2019.
Ces bonnes performances ne sont d’ailleurs pas dues qu’aux néoassurances offrant leurs services aux particuliers. 15,7 millions d’euros ont par exemple été investis cette année dans Descartes Underwriting, startup francilienne qui modélise les risques climatiques pour le compte d’autres assureurs et de grandes entreprises. Incubée par l’Agence spatiale européenne, et déjà partenaire de la NASA, sa voie est toute tracée pour devenir une assurtech française de référence.
Que ce soit en « B2B » ou en « B2C », donc, l’écosystème assurtech français semble en pleine santé. La cabinet Klein Blue Rating tirait lui aussi cette conclusion au mois d’octobre : celle d’un secteur arrivé à maturité, qui produit désormais plus de startups qu’il n’en détruit.
Faire face unis à de nouveaux défis
C’est donc une nouvelle étape qui va se dessiner dans les années qui viennent pour nos assurtech, qui vont tout d’abord devoir affronter la concurrence de leurs rivales étrangères, à l’image du géant américain de l’assurance habitation digitale Lemonade, qui a lancé sa formule en France le 8 décembre.
C’est dans ce contexte, entre arrivée à maturité du secteur, et besoin d’unité face à une nouvelle concurrence à venir, que les assurtech Assurly et Seyna ont annoncé le lancement d’Insurtech France, qui va rassembler sous une même bannière plusieurs de nos jeunes pousses.
Leur ambition ? « Représenter et fédérer les acteurs de l’Insurtech française auprès des Français, des pouvoirs publics, du régulateur et de l’écosystème. ». Une trentaine de néoassurances et de néo-courtiers ont déjà répondu à cet appel. Parmi eux on reconnait Luko, qui vient de réaliser la plus importante levée de sa jeune histoire (50 millions d’euros), Descartes Underwriting, que nous évoquions plus haut, Lovys, que nous connaissons aussi sur l’assurance habitation, mais aussi, entre autres : Leocare, Monuma, ou encore Avostart.
Tous ces acteurs représentent déjà plus de 400 000 assurés, et plus de 150 millions de collectes de fonds cumulées. Pour les asseoir autour de la même table, Insurtech France organisera tous les mois et demi des rencontres sous forme de groupes de travail. L’occasion de partager des problématiques communes, et d’évoquer les enjeux à venir du secteur.
Vers une filière hexagonale ?
« Nous avons la chance d’avoir en France des projets de plus en plus nombreux et ambitieux au service de l’innovation dans l’assurance. La France est devenue un des premiers pays dans ce domaine, et la formation d’Insurtech France vise à accélérer la dynamique actuelle et promouvoir les différentes initiatives du secteur », détaille Philippe Mangematin, CEO de Seyna.
À l’issue de ces rencontres, Insurtech France publiera des synthèses sur les mesures entreprises, et sur leur impact pour les assurés. Une occasion de suivre également de plus près l’évolution de cet écosystème. « L’intérêt des clients mérite de fédérer les énergies positives et nous posons aujourd’hui une brique fondatrice pour regrouper les Insurtechs en France », déclare à ce propos Toufik Gozim, CEO d’Assurly.
Cette démarche, qui jette les bases concrètes d’une filière française des assurtech, aura devant elle des défis stimulants mais d’ampleur, notamment celui de rattraper le léger retard pris par nos startups assurantielles par rapport à leurs voisines, en Grande-Bretagne et en Allemagne.