Les restaurateurs ont beaucoup souffert de la crise de Covid-19. En conséquence, le ministre de l’Économie Bruno Le Maire demande le gel de leurs primes d’assurances aux assureurs d’ici lundi prochain. Si les assureurs ne se plient pas à cette demande, le gouvernement fera passer une nouvelle taxe sur les assureurs dommages, tel que l’a prévenu Bruno Le Maire.
« Un gel des primes d’assurance pour tout le secteur de l’hôtellerie, des cafés, de la restauration »
Depuis le début de la crise sanitaire de Covid-19, les assureurs sont accusés de ne pas être assez présents pour soutenir l’activité des assurés professionnels. Le secteur de la restauration, particulièrement touché, est également au centre de plusieurs affaires juridiques et contentieux autour de la garantie pertes d’exploitation.
Suite à cela, le gouvernement avait demandé aux assureurs de clarifier les éventuelles clauses ambiguës autour de ces pertes d’exploitation ; ce qu’ont fait les assureurs, en excluant le risque pandémique de leurs contrats professionnels et, par conséquent, entraînant la résiliation des contrats des professionnels n’acceptant pas l’avenant.
Face à cette situation, Bruno Le Maire a décidé d’augmenter la pression contre les assureurs en leur lançant un ultimatum. Ces derniers ont jusqu’au lundi 7 décembre pour se montrer plus solidaires envers les hôtels, cafés, bars et restaurants et « au moins – je dis bien au moins – un gel des primes d’assurance pour tout le secteur de l’hôtellerie, des cafés, de la restauration », selon les dires du ministre sur LCI. « Aujourd’hui, je n’ai pas de réponse positive », avait-il allégué après avoir « reçu pour la énième fois les assureurs » ce mardi 1 décembre.
Un geste des assureurs ou une nouvelle taxe à 1,2 milliards d’euros
Si les assureurs ne daignent pas geler leurs primes d’assurance, Bruno Le Maire appellera à adopter l’amendement du sénateur LR Jean-Paul Husson prévoyant une taxe exceptionnelle sur les primes d’assurance dommages. « Je suis prêt à demander à l’Assemblée qu’on trouve quelque chose de plus équilibré, de plus responsable. Mais à une condition très simple : que les assureurs fassent un geste significatif en direction de l’hôtellerie, des cafés et des restaurants », avait-il expliqué.
Le taux de cette « contribution exceptionnelle » s’est vu rehaussé de 1 à 2 % via un amendement du sénateur Vincent Delahaye, situé au centre de l’échiquier politique. Elle représenterait au total un coût de 1,2 milliards d’euros, selon les estimations de la présidente de la FFA (Fédération Française de l’Assurance) Florence Lustman. Cette dernière avait d’ailleurs fait part de sa « sidération » quant à cette image dégradée du monde de l’assurance et avait dénoncé une « mesure punitive ». Elle avait également ajouté que cette crise coûterait déjà 2 milliards d’euros supplémentaires en charges de sinistres.
Les restaurateurs sont en grande difficulté à cause de la crise de Covid
À ces mots de Florence Lustman, le député LREM Laurent Saint-Martin, qui expliquait tout de même qu’il n’appellerait pas à voter pour l’amendement à la nouvelle lecture à l’Assemblée, a exprimé son « agacement » face à l’assurance. « Je comprends les assurés qui sont, pour reprendre vos termes, sidérés », avait-il rétorqué à la présidente de la FFA avant d’ajouter : « il faut développer un véritable accompagnement qualitatif des entreprises. »
Fatigués, les restaurateurs éprouvent de grandes difficultés à tenir durant cette crise sanitaire et économique de Covid-19. En effet, les diverses mesures de confinement et les fermetures administratives ont grandement entamé les activités, entraînant d’importantes pertes d’exploitation, qui n’ont pas été indemnisées pour l’immense majorité des cas. Par ailleurs, le risque pandémique était mal connu et peu assuré, des mesures sont à l’étude pour y remédier. Pour 2021, le Premier ministre Jean Castex prévoit un nouveau régime d’assurance pandémie reposant sur un partenariat public/privé.