Où va se diriger l’argent des Français durant ce reconfinement ? Entre mars et août, l’épargne a connu une année record, tandis que la rentrée avait fait repartir la consommation, et, avec elle, l’espoir de relancer l’activité. Les annonces d’hier replonge l’économie et les portefeuilles des ménages dans l’incertitude.
Une première moitié d’année placée sous le signe de l’épargne
Les épargnants français nagent entre deux eaux. Les incertitudes d’un contexte qui mêle crise sanitaire, ralentissement économique et reconfinement, pèsent sur leur décision de placer ou non leur argent.
Au début de l’année, le choix de l’épargne n’a pas suscité trop de doutes. Les inquiétudes occasionnées par les débuts de la pandémie, puis l’abandon d’une partie des achats durant le confinement (puis des voyages à l’étranger durant l’été) ont ainsi provoqué une année d’épargne historique.
Les Français ont mis de côté plus de 85 milliards d’euros entre mars et juillet.
Selon la Banque de France, le montant des dépôts et des liquidités accumulés entre mars et juillet par les ménages a atteint un record : 107,5 milliards d’euros. Et si l’on déduit de cette somme les charges des crédits souscrits, on atteint là aussi une épargne jamais vue de 85,6 milliards d’euros.
Une année hors-norme que le rapport annuel de la Banque de France sur l’épargne réglementée est venu confirmer cette semaine. L’institution a mesuré les flux d’épargne déposés chaque mois sur les comptes courants, les livrets d’épargne ou détenus en liquide. Ces flux monétaires avait atteint 22 milliards d’euros en mars et 27 milliards d’euros en avril, alors qu’avant la crise sanitaire, ils ne dépassaient que légèrement les 6 milliards d’euros.
Une prudence qui ne concerne pas tous les foyers
Face à ces montants exorbitants, il faut toutefois rappeler que tous les Français n’ont pas tous eu les moyens de se constituer un bas de laine durant la crise. Une étude du Conseil d’analyse économique rappelle que le plus haut décile (les 10% de ménages les plus riches) a contribué à lui seul à la moitié de l’épargne hexagonale totale accumulée entre mars et août. Alors que, dans le même temps, les Français les plus modestes n’ont pas pu épargner plus que d’habitude, mais se sont mêmes, pour certains, endettés.
Tous les produits d’épargne n’ont de même pas tous profité de cette manne de manière égale. L’assurance vie, qui est pourtant depuis des années le placement le plus plébiscité par les Français, a connu une décollecte nette entre mars et juillet : les cotisations des épargnants se trouvaient être inférieures aux prestations versées par les assureurs. Pour ces derniers l’assurance vie n’était même plus rentable !
Ce type placement à long-terme (et dans lesquels l’argent est « coffré ») est toujours délaissé dans les périodes de crise. Ce qui a bénéficié aux livrets sécurisés (livrets A, livrets de développement durable et solidaire, et livrets d’épargne populaire) sur lesquels ont été déposés plus de 30 milliards d’euros depuis le début de l’année.
Avec la rentrée, l’espoir avorté d’une consommation qui repart à la hausse
Cette situation exceptionnelle a semblé prendre fin avec la rentrée. En septembre, alors que la situation sanitaire et économique semblait s’améliorer, les dépôts bancaires sont repassés sous la barre des 6 milliards d’euros, leur niveau d’avant crise.
Les montants d’épargne bancaire cumulés depuis le mois de mars ont donc commencé à baisser eux aussi, passant de près de 87 milliards d’euros en août à 83 milliards le mois suivant. Une diminution de l’épargne qui sonnait comme une bonne nouvelle pour le gouvernement, qui espérait qu’un retour de la consommation contribuerait à relancer l’économie.
Mais l’espoir aura été de courte durée. Le reconfinement annoncé hier et la dégradation épidémique qui l’accompagne jette le flou : les foyers français vont-ils recommencer à mettre de côté massivement, ou vont-ils maintenir leur budget achat comme septembre et en octobre ?
Un nouveau dégonflement des dépenses est attendu pour les prochains mois
D’après un sondage Odoxa pour Aviva, dévoilé par Les Échos hier, les fêtes de fin d’année et le blackfriday n’y changeront rien : les Français vont bien freiner de nouveau leurs dépenses. Ils étaient quatre fois plus nombreux (37% des sondés) à déclarer qu’ils choisiraient d’épargner plus, plutôt que de consommer (9%).
En termes de produits, la même dynamique qu’au mois de mars semble aussi se remettre en route. Selon le même sondage, 27 % des interrogés entendent diriger leurs placements vers un livret, 14 % vers un produit d’épargne retraite complémentaire et 13 % seulement vers une assurance-vie.
L’assurance-vie encore délaissée ?
Les assureurs-vie vont donc devoir accuser le coup, après avoir espéré que les dépôts sur leurs produits repartent, comme ce fut le cas en septembre. Pour relancer leurs placements, les assureurs pourraient aussi faire profiter leurs futurs épargnants de conditions privilégiées (réduction des frais, assouplissement des conditions de sorties etc…) n’hésitez donc pas à sonder le marché grâce à notre comparateur en ligne. Pour trancher entre assurance vie et livret A, vous pouvez également consulter notre fiche pratique sur le sujet.