Nous dressions récemment le bilan de la conduite automobile sans assurance, à l’aide du baromètre annuel du Fonds de garantie des assurances obligatoires de dommages (FGAO). Il en ressortait que 700 000 personnes conduiraient actuellement sans assurance en France. Un chiffre qui serait de plus en augmentation (de 6,6%) sur les cinq dernières années, tandis que, pour les motards, ce taux reste bas.
Les motos impliquées dans moins de 6% des accidents non-assurés
A partir de ce même baromètre, on remarque en effet que les motards sont bien moins concernés par le défaut d’assurance. En 2019, 83,2% des affaires prises en charge par la FGAO (qui indemnisent les victimes des accidents causés par des tiers en défaut d’assurance ou non-identifiés) impliquaient des voitures, contre seulement 5,9% de deux roues.
Une différence difficile à expliquer dans la mesure où l’assurance moto est tout aussi obligatoire que l’assurance auto, et, qu’en cas de manquement, motards comme conducteurs s’exposent à une amende compris entre 750 et 3750 euros, mais aussi à une suspension voir à une annulation définitive de leur permis.
L’assurance moto est pourtant tout aussi obligatoire et pas moins onéreuse
L’argument avancé par les automobilistes pris en défaut d’assurance est souvent le prix trop élevé des cotisations. Un problème contourné par la possibilité d’acquérir pour une cinquantaine d’euros une fausse vignette, qui ne couvre rien, mais qui se vend de plus en plus sur les réseaux sociaux.
Une économie que les fraudeurs estiment non-négligeable face à un coût de 632 euros en moyenne par an pour une assurance auto, en augmentation de 12% sur cinq ans. Une tendance qui devrait néanmoins se stabiliser en 2021 selon nos estimations.
Mais le prix de l’assurance ne saurait être non plus un argument pour expliquer la différence entre motards et automobilistes. En effet, selon notre comparateur, on trouve, pour une assurance au tiers, en moto comme en auto, à peu près les mêmes tarifs d’entrée de gamme, pour un profil similaire : à savoir autour de 300 euros.
Les trottinettes, ces deux-roues mal ou pas du tout assurés
Le profil du conducteur ou du motard, ainsi que de son véhicule à deux ou quatre roues, influent bien sûr les primes à verser. Toutefois les tarifs des assurances auto et moto se situent dans le même ordre de grandeur. Si l’argument du prix ne peut pas non plus être retenu pour la défense des automobilistes, on ne peut qu’en déduire que les motards sont plus responsables et vertueux, comme ont tenu à le souligner les associations de passionnés de deux-roues.
Un constat qui vaut pour les motos, mais bien moins pour les deux roues électriques, trottinettes en tête. Une enquête du cabinet Smart Mobility Lab, spécialisé dans les nouvelles mobilités, a pointé du doigt dans une récente enquête les nombreux défauts d’assurances constatés chez les conducteurs d’« EDPM » (pour « Engins de Déplacement Personnel Motorisés »).
Parmi ces derniers, les trottinettes en libre-service (ou en « free-floating ») sont particulièrement visées. En 2019, selon la FGAO, les trottinettes électriques ne concernent que 0,5% des accidents impliquant un défaut d’assurance.
Vers une augmentation des accidents non-assurés en trottinettes ?
On pourrait cependant craindre que ce chiffre augmente en 2020. Tout d’abord car ce moyen de transport a explosé cette année : désormais, 72 % des 18-34 ans envisagent le recours aux EDPM, et en particulier aux trottinettes, pour se déplacer. En 2019, les ventes de trottinettes électriques ont bondi de 105 %. Une tendance qui s’est poursuivie cette année, tandis que le nombre de deux roues en libre-service augmente (près de 15 000 étaient disponibles dans les rues de la capitale cet été, mais ce chiffre pourrait atteindre 40 000 d’ici la fin de l’année).
Avec cette augmentation des trajets, le nombre d’accident est en hausse aussi. Et selon le cabinet Smart Mobility Lab, très peu de ces nouveaux usagers sont au courant de leurs obligations : seuls deux sur dix ont déjà vérifié s’ils étaient couverts par une assurance au moment d’une location de trottinette, et seulement 45 % savent qu’une assurance est obligatoire. Espérons qu’ils suivent à l’avenir l’exemple des motards.