La crise sanitaire et économique que nous connaissons aura bien un impact sur le régime général et les complémentaires retraite. Deux situations de déficit qui contrastent avec le succès des nouveaux PER. Assurland fait le point.
Pour le régime général : un déficit de 25,4 milliards d’euros.
Récemment, nous découvrions l’impact de la crise du Covid-19 sur le déficit de l’Assurance maladie. Résultats : un découvert de 44,7 milliards d’euros. Cette semaine, c’est son incidence sur les caisses de retraites qui a été mesurée.
Du côté du régime général tout d’abord, les craintes se sont bel et bien confirmées. Le Comité d’Orientation des retraites (COR) révèle que le déficit va bien exploser cette année pour atteindre plus de 25 milliards d’euros. Soit un montant six fois supérieur à ce qui était prévu avant la crise sanitaire et économique que nous connaissons. L’estimation pour 2020 était en effet un déficit de « seulement » 2,7 milliards d’euros.
Comme dans le cas de la Sécurité sociale, les baisses de recettes ont fortement contribué à creuser ces déficits. La montée du chômage, la baisse des rentrées fiscales, mais surtout les reports ou exonération de charges ont réduit l’assiette destinée à alimenter les caisses du régime général.
Selon le COR, le surcoût engendré par la crise sera de 21 milliards cette année et de 5 milliards d’euros par an pour les années à venir. On attend donc un déficit de 10,2 milliards d’euros en 2021, de 11,6 milliards en 2022, 12,1 milliards en 2023… Cependant, la crise n’explique pas tout. Le vieillissement de la population creuse quoiqu’il arrive les comptes : le déficit est structurel, mais s’y ajoute un contexte très défavorable. Le débat sur la réforme des retraites, sensée repenser son financement, ne manquera donc pas d’être relancé.
Les retraites complémentaires également dans le rouge
Du côté des retraites complémentaires, le résultat des comptes à peu près le même. Le régime devrait connaître lui un déficit compris entre 6 et 8 milliards d’euros cette année. Dans les bureaux de l’Agirc-Arrco, géré par les partenaires sociaux, on s’attendait même à une dégradation plus importante. Mais le rebond de l’économie après le confinement a évité le trou ne devienne un gouffre.
Toutefois, le creusement des comptes aura quand même une conséquence pour les ex-salariés du privé : le conseil d’administration de l’Agirc-Arrco a déicide, jeudi 8 octobre, de geler les retraites complémentaires, qui soit d’habitude revalorisées chaque 1er novembre.
Selon un accord interprofessionnel signé en mai 2019, les pensions doivent en effet évoluer avec les salaires et l’inflation. Néanmoins, les retraités du privé ne devraient pas ressentir significativement ce gel, car l’inflation ne dépasse pas les 0,1% cette année. De plus, le salaire annuel moyen a lui reculé d’environ 6% cette année, en raison du recours au chômage partiel, qui rémunère moins qu’un salaire plein. Si le point d’indice n’avait pas été gelé, la revalorisation des pensions n’aurait donc pas été très élevée.
Les nouveaux PER, eux, se portaient plutôt bien avant la crise
Au terme de cette année forcément morose pour les régimes généraux et complémentaires de retraite, on remarque par contre un certain engouement (malgré ou grâce à la crise ?) pour les plans d’épargne-retraite. Victoire qui n’était pas acquise puisque cette année compliquée était celle de l’introduction des nouveaux PER.
On pouvait craindre que les épargnants mettraient du temps à s’y familiariser, mais il n’en est visiblement rien, puisqu’en six mois, d’octobre 2019 (date de leur lancement) à mars 2020, les nouveaux PER correspondaient à un encours de 7,8 milliards d’euros et avaient déjà séduit plus de 788 000 souscripteurs.
Reste à savoir si sur le reste de l’année 2020 cette bonne dynamique a été confirmée ou non. Mais ces nouveaux produits ont également été bien intégrés par les courtiers, qui en vantent les apports, par rapport à leurs anciennes versions. Ils devraient donc séduire d’autres futurs retraités d’ici la fin de l’année.