La cinquième génération de réseaux mobiles sera bientôt une réalité en France. Début octobre, les quatre principaux opérateurs télécoms de l’Hexagone (Bouygues Telecom, Free, Orange et SFR) se sont partagé les fréquences de la nouvelle technologie de téléphonie mobile. La mise en place du réseau prendra lui encore plusieurs années, mais on peut déjà imaginer l’influence de ce bouleversement technologique sur le secteur de plus en plus connecté de l’assurance.
Une connexion en moyenne dix à vingt fois plus rapide qu’aujourd’hui
Tout d’abord grâce aux gains de connectivité promis : on annonce une connexion en moyenne dix à vingt fois plus rapide. Côté téléchargement, on prévoit un débit de téléchargement pouvant atteindre les 10 gigabits par seconde : vous n’aurez même plus le temps de voir s’afficher la durée de transfert d’un film en 4K.
La 5G devrait aussi diviser par dix le délai de transmission des données, ce qui signifie des échanges de datas en temps réel. Enfin, ce signal plus puissant devrait aussi être capable de supporter bien plus de connections au km2 et de pénétrer plus efficacement à l’intérieur ou en sous-sol des bâtiments (dans le métro, par exemple).
Gains de connectivité = gains de productivité ?
Avec toutes ces promesses, les prévisions optimistes vont bon train. Selon un rapport d’IHS Markit (entreprise d’information économique) et du Research Group (société de conseil) la 5G pourrait créer 22 millions d’emplois dans le monde et générer 3,5 milliards de dollars en activité économique directe.
Un rapport récent du cabinet de conseil Capgemini a lui interrogé 800 entreprises sur leurs attentes vis-à-vis de la 5G : pour plus de la moitié d’entre elles, ce regain de connectivité les aidera à améliorer leur efficacité et à fonctionner de manière plus sécurisée.
Pour les assureurs : fonctionner plus rapidement en anticiper les risques
Que peut-on imaginer pour le secteur de l’assurance en particulier ? Tout d’abord une gestion plus efficace des données. Pour fonctionner, c’est-à-dire anticiper les risques, les compagnies d’assurance ont besoin d’un très grand nombre de données. Sur leurs clients bien sûr, mais aussi sur tous les sinistres passés, ainsi que sur des enquêtes et rapports permettant de prédire la sinistralité.
Les agences auront ainsi l’avantage d’exploiter davantage de données sans avoir à les héberger ou à les posséder elles-mêmes. Plus d’efficacité donc, mais aussi une plus grande facilité à croiser les données pour plus de prévisibilité. Le risque va devenir également plus modélisable grâce à l’« Internet des objets » (IoT en anglais). La 5G devrait en effet permettre le déploiement des objets connectés, comme les voitures autonomes. Les assureurs pourront collecter plus de données afin d’adapter encore plus précisément leurs contrats à leurs assurés.
Pour les assurés : une gestion de contrat plus intuitive et simplifiée
Par exemple, on peut compter voir les assurances « pay how you drive » se développer : avec davantage de données collectées, et en temps réel, les assureurs pourront parfaitement adapter les garanties de votre police à votre conduite. Le coût des assurances habitation pourrait aussi diminuer si les systèmes de télé-surveillances réduisent le risque de cambriolage. Il en va de même pour le coût des assurances santé avec le développement de la télémédecine et de la transmission des données vitales.
Du côté des assurés, il est clair que la 5G devrait aussi permettre une gestion de ses contrats d’assurances plus aisée. De plus en plus d’assureurs proposent désormais des parcours clients entièrement numériques. Les compagnies les plus innovantes, les Assurtech, vont elles sans doute connaître un développement fulgurant avec la 5G : l’assurtech Lemonade doit par exemple proposer en France en fin d’année une assurance habitation gérée uniquement sur smartphone. Avec une connexion dix fois plus rapide, on imagine que la déclaration de sinistre en direct par la vidéo va connaitre un essor considérable.
Toutefois, en poussant l’anticipation encore plus loin, on peut aussi se demander si les gains de connectivité ne vont pas, à terme, signer la fin des assurances. Quand les voitures autonomes pourront prévoir les accidents, ou que les systèmes de télésurveillances anticiperont les incendies, aura-t-on encore besoin de s’assurer ?