En mars 2020, la décollecte la plus importante depuis 2011 pour l’assurance vie avait été constatée. Mai 2020 marquera le troisième mois consécutif de décollecte pour l’assurance vie en France. Avec le confinement, la crise sanitaire et économique, les Français préfèrent se tourner vers d’autres supports, en particulier le livret A.
Un troisième mois de décollecte pour l’assurance vie en mai 2020
Les chiffres de la FFA (Fédération française de l’assurance) sont très parlants pour le mois de mai 2020 : la collecte nette de l’assurance vie est négative de 2,2 milliards d’euros. On parle donc de « décollecte ». La FFA n’omet pas de mettre en évidence la spécificité du mois de mai, dernier mois de confinement (jusqu’au 11 mai). Ipso facto, cela n’a pu que restreindre le nombre de placements effectués. « Le contexte atypique (confinement jusqu’à la mi-mai, puis déconfinement progressif) a restreint le nombre d’opérations et les placements en assurance vie », explique la FFA au sein d’un communiqué.
Dans le détail, la collecte brute a atteint quelque 5,7 milliards d’euros, soit la moitié de ce qu’elle avait connu au mois de février et moins qu’en avril (6,4 milliards d’euros) également. Par conséquent, on peut en déduire que le montant des retraits pour mai 2020 a été de 7,9 milliards d’euros, soit moins qu’en août 2019, mois connu pour ne pas cumuler des sommes très élevées en termes de rachats (à l’échelle de l’assurance vie). « Ce sont les cotisations qui baissent, pas les prestations qui augmentent. C’est probablement le point le plus surprenant de cette conjoncture. Pour la première fois en période de crise, les contrats en euros ne se sont pas redressés. C’est pourquoi l’assurance vie est la grande perdante de cette crise », analyse Alain Tourdjman, directeur des études et de la prospective du groupe BPCE.
Les unités de compte (UC) ont représenté un tiers de la collecte, dans la lignée du comportement des épargnants depuis le début de cette année. Les fonds en euros n’ont donc collecté que 3,8 milliards d’euros ; ces placements, de moins en moins rémunérateurs, attirent de moins en moins d’épargnants.
Les Français se sont détournés de l’assurance vie pendant le confinement
Revenons sur ces quelques derniers mois : les Français ont délaissé l’assurance vie. En moyenne, la décollecte mensuelle nette depuis mars est d’environ 2 milliards d’euros. Depuis le début de l’année 2020, les cotisations reculent de 28 % sur un an et la décollecte totale atteint à peu près 4 milliards d’euros. À titre de comparaison, la collecte nette de janvier à mai 2019 s’élevait à 12,7 milliards d’euros. « La réorientation d’une partie de l’épargne contrainte constituée pendant le confinement vers des placements longs exigera du temps et le retour d’un minimum de confiance », explique Philippe Crevel, directeur du Cercle de l’épargne, que nous avions également interviewé autour de ce thème au début du mois de juin.
La situation profite au livret A
Dans un tel contexte, les Français préfèrent se diriger vers d’autres supports d’épargne. À l’heure actuelle, c’est le livret A qui est le grand gagnant de cette mutation de l’épargne française. Pour ce mois de mai, il a collecté à lui seul quelque 3,98 milliards d’euros, soit plus que les fonds en euros de l’assurance vie. De son côté le LDDS (Livret de développement durable et solidaire) a été performant : 1,16 milliards d’euros de collecte nette.
Au total et sur les mois de janvier à mai, la collecte nette totale du livret A et du LDDS est de plus de 22 milliards d’euros, contre seulement 13,7 sur la même période en 2019. C’est une hausse de 60 % et l’encours total sur ces deux produits est actuellement de 433,4 milliards d’euros. Cela reste toutefois bien loin des 1 800 milliards d’euros de l’assurance vie française.