Alors que la loi Sapin 2 transformant le Livret développement durable (LDD) en livret solidaire (LDDS) a été votée fin 2016, c’est le 10 juin 2020 qu’un arrêté a été pris pour qu’une partie des encours de ce LDDS (et du Livret A) non centralisés à la Caisse des dépôts (CDC) soit fléchée par les banques vers des structures de l’Économie sociale et solidaire (ESS). Finansol, association de promotion de la finance solidaire, et les acteurs de l’ESS, attendaient que 10 % de ces encours non centralisés soient concernés… soit le poids que pèse l’ESS dans le PIB. Ce sera au minimum 5 %. 8,5 milliards d’euros seront ainsi dévolus au financement de l’ESS, selon Bercy.
En décembre 2019, un décret permettant le don à une association d’une part des intérêts de son livret ou de son capital devait rendre effectif en juin cet autre volet solidaire du produit. Il a été reporté à octobre. « Les Pouvoirs Publics se sont saisis du prétexte de la crise sanitaire mais je pense aussi qu’il y a une pression de la part des banques qui arguent qu’elles ne sont pas prêtes au niveau de leurs SI. Or cela fait trois ans qu’elles auraient pu se préparer », estime Patrick Sapy, directeur de Finansol.
Épargne bancaire
Les banques jouent par ailleurs le jeu pour distribuer les produits d’épargne solidaire. « Il y a eu une très forte mobilisation des canaux bancaires pour promouvoir leurs placements solidaires. Les conseillers commerciaux sont de plus en plus sensibilisés à ces produits et les proposent aux clients », assurait Jon Sallé, responsable de l’Observatoire de l’épargne solidaire de Finansol, le 4 juin, lors de la présentation du 18e baromètre annuel de l’épargne solidaire. 2019 a été une année record, avec un niveau d’encours atteignant 15,6 milliards d’euros, dont 3 milliards supplémentaires (+ 24%) déposés par les épargnants. Le nombre de souscriptions a quasiment doublé, avec 810 000 nouvelles souscriptions. Si le premier canal de collecte reste l’épargne salariale (9,7 milliards d’euros d’encours, + 21%), l’épargne bancaire a bondi de 29 % pour atteindre 5,1 milliards. Le Livret Agir du Crédit Coopératif (708 millions), les livrets Codevair des Banques Populaires Grand Ouest (356 millions) et Aquitaine Centre-Atlantique (340 millions) et le livret d’épargne de la Nef (348 millions) sont les plus importants. Enfin, les encours d’épargne collectée par les entreprises solidaires (0,8 milliard d’euros) ont progressé de 25 % en 2019.
Pendant la crise du Covid-19, l’épargne solidaire a fait preuve de résilience car les épargnants n’ont pas désinvesti de ces projets. Cette épargne pesait 0,29 % du patrimoine financier des ménages fin 2019, contre 0,25 % en 2018. Finansol milite pour introduire des mécanismes solidaires dans davantage de produits financiers avec l’objectif de porter ce taux à 1 %. L.B.