Les agents généraux d’assurance ont eux aussi subi les effets du confinement et redoutent maintenant ses conséquences à moyen terme. Si leur activité repart depuis mi-mai, reste l’incertitude liée à l’assurance vie en berne. Mais c’est l’assurance des professionnels qui préoccupe le plus aujourd’hui ces indépendants. « Notre santé économique repose sur le commissionnement, lui-même basé sur les primes payées par les entreprises, rappelle Grégoire Dupont, directeur général d’Agéa, fédération nationale des agents généraux d’assurance. Nous craignons des baisses de chiffres d’affaires et des faillites chez nos clients, pour l’échéance de janvier 2021, où les primes seront appelées. »
Alerte sur l’assurance des professionnels
Les difficultés liées à la santé des entreprises se font déjà sentir. « Afin de soutenir leurs clients professionnels, agents et compagnies ont octroyé des remboursements sur les primes déjà versées. Ces reprises de commission occasionnent une perte maîtrisée mais immédiate pour les agents, en moyenne de 20 % du montant des primes remboursées. »
Les agents généraux ont aussi durement vécu la confrontation avec une opinion publique persuadée que les assureurs n’avaient pas participé à l’effort de solidarité nationale. Le débat sur les pertes d’exploitation dues à la pandémie fut particulièrement dévastateur. « Les professionnels et entreprises ont d’abord entendu qu’elles n’étaient pas assurables (ce qui est techniquement une vérité), puis que certains contrats la couvraient, et enfin que ces contrats étaient mal rédigés. L’aide forfaitaire accordée par le Crédit mutuel-CIC est venue ajouter à la confusion. » L’initiative est apparue particulièrement déloyale aux yeux de la profession, le président de la fédération, Patrick Evrard, allant jusqu’à dénoncer la communication agressive du groupe. Les plus gros portefeuilles de professionnels sont chez les compagnies à réseau d’agents généraux, tels qu’AXA, Allianz ou MMAA, pas chez les bancassureurs. « Il est facile d’apparaître généreux et solidaire quand dans votre église, il n’y a pas grand monde », résume Grégoire Dupont.
G. D.