Le secteur auto est en grande souffrance depuis le début de la crise du coronavirus. Comme beaucoup de constructeurs, le Français Renault n’échappe pas à la règle et a été contraint d’adopter quelques mesures radicales pour contrebalancer les pertes. Ont donc été annoncés la suspension du versement des dividendes aux actionnaires pour 2020 ainsi que la réduction temporaire de 25 % du salaire des dirigeants de l’entreprise.
Pas de dividende versés aux actionnaires pour l’année 2020
La décision n’a guère surpris et était attendue par beaucoup : le jeudi 9 avril, Renault a annoncé qu’il ne versera pas de dividende à ses actionnaires en 2020 au titre des résultats de 2019. Le conseil d’administration du groupe automobile a invoqué le « contexte actuel lié à la pandémie due au coronavirus dans le monde, et dans un souci de responsabilité vis-à-vis de l’ensemble des parties prenantes du groupe qui consentent des efforts ou subissent les effets d’une crise sans précédent ».
C’est une mauvaise nouvelle pour les actionnaires mais la mesure permettra au groupe Renault d’économiser 330 millions d’euros. Et elle est encore plus drastique qu’initialement prévu. Le groupe prévoyait à l’origine de ne verser que 1,10 euro par action (en 2018, le versement par action était de 3,55 euros). Il faut dire que le marché auto s’est bel et bien écroulé depuis mars. Pour cette première semaine d’avril, il marque même une chute de 96 % par rapport à la même période de l’an dernier. De plus, les syndicats et l’État, actionnaire Renault, n’ont pas manquer de faire entendre leur voix pour appuyer cette décision.
Une réduction temporaire de 25 % du salaire des dirigeants de Renault
En plus de la suspension du versement de dividendes, le groupe Renault a symboliquement choisi de réduire de façon temporaire de 25 % le salaire de ses dirigeants. La mesure prend effet pour le deuxième trimestre de l’année 2020, « au minimum ». Le président Jean-Dominique Senard (qui touche une rémunération fixe) touchera la somme de 28 000 euros par mois au lieu de 37 500 euros ; la directrice générale par intérim et directrice financière Clotilde Delbos touchera 56 000 euros mensuels au lieu de 75 000. La mesure concernera les mois d’avril, de mai et de juin. L’ensemble des administrateurs de l’entreprise ont eux aussi renoncé à 25 % de leur jetons de présence dus en 2020. Ces mesures seront appuyées à l’assemblée générale de Renault du 19 juin prochain.
Les difficultés éprouvées par le secteur auto durant la pandémie de coronavirus
Les mesures adoptées par le groupe Renault sont d’autant moins surprenantes que le secteur auto a été très touché par la crise économique engendrée par le COVID-19. Dès le début du mois de février, Renault avait dû fermer son unique site de production en Corée du Sud, l’usine Renault Samsung Motors à Busan. Ce complexe industriel permettait la production de 216 000 véhicules par an.
La CFDT et le syndicat FO ont bien accueilli les décisions du groupe, de même que la CGT, qui estime tout de même que cela « ne règle pas le déséquilibre » entre salariés, actionnaires et dirigeants. De surcroît, ces mesures permettront au groupe de demander de l’aide à l’État, qui ne détient pas moins de 15 % des parts de l’entreprise. Les garanties offertes par l’État pour des prêts pourraient aller jusqu’à 4 ou 5 milliards d’euros.
Ces garanties ne seraient pas malvenues dans un contexte où l’agence de notation financière Standard & Poor’s avait dégradé le groupe Renault à la catégorie investissement spéculatif (BB +) à cause des pertes financières engendrées par le coronavirus COVID-19. Toutefois, aucune nationalisation n’est au programme, semblerait-il.