Agiles, capables de se saisir des opportunités et de « pivoter » rapidement, les start-up sont cependant menacées autant que les autres entreprises par la crise sanitaire du Covid-19. « Ce sont des PME fragiles en raison de leur modèle de développement, fondé sur des investissements importants, une forte croissance et une rentabilité qui n’arrive qu’après plusieurs années d’activité », détaille Paul-François Fournier, directeur exécutif Innovation de Bpifrance. Les pouvoirs publics accordent une attention particulière à ces jeunes entreprises, positionnées sur des produits et services innovants. « Elles apportent des réponses aux problématiques actuelles de digitalisation de l’économie, de santé, du climat. Elles avaient un potentiel avant la crise sanitaire et elles l’auront toujours après », précise Paul-François Fournier. « Les fonds d’investissement, les entrepreneurs, les banques, ont mis dix ans à construire l’écosystème des start-up. Par sa croissance, son rayonnement international, ses emplois, il est devenu un pan entier de l’industrie française. Tous les acteurs ont conscience de l’intérêt commun à préserver cet investissement collectif. »
Un « FrenchTech Bridge » de 80 millions d’euros
Le gouvernement a présenté le 25 mars un plan d’urgence spécifique aux start-up, d’un montant de près de 4 milliards d’euros, en complément des mesures d’aide destinées à l’ensemble des entreprises. Une série de mesures doit leur apporter des avances de trésorerie, mais aussi alléger la part de risque des business angels et fonds d’investissement, afin que ces investisseurs privés continuent d’assumer leur rôle d’actionnaires. L’État s’engage ainsi à restituer immédiatement le crédit impôt recherche (CIR) aux start-up qui en feraient la demande aux services des impôts des entreprises (SIE). Les aides à l’innovation du Programme d’investissements d’avenir (PIA) déjà attribuées vont elles aussi être versées très rapidement par Bpifrance et l’Ademe. Les start-up bénéficiaires d’aides à rembourser ou assorties de redevances voient les prochaines échéances de remboursement reportées jusqu’à six mois. Enfin, l’Etat maintient, à travers Bpifrance, ses subventions, avances remboursables et prêts aux entreprises innovantes, et Bpifrance poursuit ses investissements directs et en fonds de fonds, aux côtés des investisseurs privés.
Un nouveau dispositif, nommé « FrenchTech Bridge », consiste en une enveloppe de 80 millions d’euros financée par le Programme d’investissements d’avenir (PIA) et gérée par Bpifrance. Il doit financer la période de transition à laquelle sont confrontées les start-up qui voulaient réaliser une levée de fonds au cours des prochains mois, et qui se heurtent aujourd’hui à la contraction du capital-risque. Ces obligations avec accès possible au capital seront cofinancées par les investisseurs privés.
La masse salariale comme indicateur des besoins de financement
Adossés à la garantie de 300 milliards d’euros de l’Etat adoptée en loi de finances rectificative, des prêts de trésorerie spécialement adaptés aux start-up seront distribués à la fois par les banques privées et par Bpifrance. Ces prêts garantis par l’État (PGE) peuvent atteindre jusqu’à deux fois la masse salariale France 2019, ou, si le montant se révèle plus élevé, 25 % du chiffre d’affaires annuel, comme pour les autres entreprises. « Le chiffre d’affaires n’était pas toujours l’indicateur le plus pertinent des besoins de financement d’une start-up qui doit avant tout financer la masse salariale ou des travaux de développement,» explique Paul-François Fournier. Le total de ces prêts devrait atteindre près de 2 milliards d’euros, la garantie de l’État pouvant couvrir jusqu’à 90 % du prêt, à un coût modique. « La déclinaison pour les start-up du PGE constitue la réponse la plus systémique à la situation de crise », analyse Paul-François Fournier. Elle opère un effet de levier destiné à compléter les participations des investisseurs. Elle va permettre aussi aux banques de soutenir certaines de leurs entreprises clientes qu’elles ont accompagnées au cours des dernières années. « Depuis maintenant trois ans, les banques ont beaucoup investi dans cet écosystème, via des organisations adhoc et des agences dédiées », rappelle Paul-François Fournier. « Elles ont compris que c’était aussi un marché d’avenir. Ces start-up sont souvent promises à devenir des ETI ou des PME significatives, avec de multiples besoins bancaires : comptes, développement à l’international, export, emprunts. »