En France, le sujet de l’impact des taux bas sur la rentabilité des banques n’est pas nouveau mais a repris de l’acuité au tournant de l’année. Dans son Évaluation des risques du système financier français, la Banque de France dresse deux fois par an le tableau de ces risques et les classe. En décembre 2019, les « risques de taux d’intérêt pour l’intermédiation financière » ressortent en première position, ex aequo avec les « risques liés à l’endettement », dans un contexte de taux d’intérêt bas qui ont sensiblement baissé en 2019 et dont on n’attend pas de remontée à court terme.
« Il y a deux risques équivalents qui sont les deux faces d’une même pièce, ils sont élevés et vont se développer à la hausse dans les trimestres qui viennent. Il y a une remontée rapide en haut de la liste de ce qui se passe du côté de l’intermédiation financière », insistait Jean Boissonat, conseiller des Gouverneurs, Banque de France, lors de la présentation de ce rapport.
Certes, le PNB des principales banques françaises a progressé depuis 2015, pour atteindre 147,9 milliards d’euros en 2019, mais la contribution des activités de banque de détail (qui pèse pour 55,1 % des revenus) baisse, en France et à l’international, ainsi que ceux de la BFI. Et la marge nette d’intérêt, reflet de l’activité de transformation des banques, devrait continuer à baisser sans remontée des taux.
« Les banques continuent à gagner de l’argent, et heureusement, mais les enjeux structurels font qu’il y a des investissements à réaliser. On ne peut pas attendre de progrès substantiels du côté des résultats bruts des banques ; ils ne vont pas s’améliorer seuls dans les trimestres et années qui viennent, car l’activité d’intermédiation (et son résultat) est sous pression et va le rester, et la contribution positive aux réserves des activités annexes comme l’assurance sera probablement moins dynamique dans les trimestres et années qui viennent. Il faut donc résoudre l’équation entre des revenus qui ne vont pas progresser et des investissements à faire qui restent importants », analyse Jean Boissinot. Ces investissements concernent en particulier la transformation digitale. Les banques y travaillent, mais l’équation n’est pour l’instant pas résolue.