Accusée par les États-Unis de blanchiment d’argent et de violation des sanctions contre la Corée du Nord, ABLV (troisième banque lettone) a vu ses liquidités s’assécher en quelques jours (à la suite de retraits massifs), ce qui a conduit à sa faillite ou un état de faillite probable. La BCE et le Conseil de résolution unique ont déclaré le 24 février que cette banque ne ferait pas l’objet de mesures de résolution, car son sauvetage n’était pas d’intérêt public. L’établissement a donc été mis en liquidation.
Jérôme Legras, directeur de la recherche chez Axiom AI note que « la solvabilité d’ABLV était satisfaisante et la décision de la BCE de déclarer l’établissement en état de faillite ou de faillite probable semble uniquement dictée par les questions de liquidité. Dans ce contexte, la décision d’utiliser ou pas l’ELA [1], qui reste du ressort des banques centrales nationales, paraît très discrétionnaire et opaque ».
Pour Pervenche Berès, députée au Parlement européen, « la faillite d’ABLV démontre qu’il est nécessaire qu’une instance européenne (le SSM par exemple) puisse directement, ou non, surveiller le risque systémique lié à l’activité de blanchiment, par la supervision du business model ou du risque de réputation, car l’Union n’a pas de compétence directe dans ce domaine ». Pour aller dans cette direction, Pervenche Berès compte sur la réforme du système de supervision financière européenne mais aussi sur la Commission d’enquête TAXE 3. La création de cette Commission a été adoptée par le Parlement européen le 7 février 2018 dans l’objectif de mieux comprendre et lutter contre les mécanismes de blanchiment et de fraude fiscale révélés par les Paradise papers.
S. G. (avec Reuters)