Dans son dernier classement mondial annuel des 1 000 premières banques [1] publié en juillet 2017, le journal britannique The Banker qualifie le système bancaire français de locomotive de l’industrie bancaire européenne [2].
Le classement mondial « The Banker » des banques sur la base du capital réglementaire large Tier 1 exprimé en dollars ne renseigne qu’imparfaitement sur la solidité intrinsèque de chaque banque (ce rôle revient plutôt aux ratios de solvabilité qui placent le capital en regard des risques, voire aux stress-tests). Il s’agit en revanche d’une hiérarchie instructive des forces en présence sur l’échiquier bancaire mondial tandis que les évolutions d’une année sur l’autre sont révélatrices de la capacité des banques à renforcer leur solvabilité, nonobstant les effets liés au change.
En 2016, les fonds propres Tier 1 des vingt-cinq premières banques européennes se sont contractés (-4,9 % à 1 267 milliards de dollars). Ces évolutions furent largement imputables aux difficultés d’une banque britannique et à la chute de la livre Sterling post-Brexit (-16 %) et, dans une moindre mesure, au recul plus contenu de l’euro face au dollar (-3 %). À rebours de la tendance globale, les six principales banques françaises appartenant au Top 25 ont augmenté leurs fonds propres Tier 1 de 3,7 % (particularité partagée avec les seules banques d’Europe du Nord : Pays-Bas, Suède, Norvège). Profitant de revenus diversifiés et de leur maîtrise des risques, les banques françaises se distinguent depuis 2009 par l’absence de perte agrégée et par la régularité de leurs résultats au regard de leurs concurrentes européennes (cf. graphique).
Les résultats agrégés du premier semestre 2017 (Crédit Agricole, BNP Paribas, BPCE, Société Générale [3]) ont confirmé la dynamique des revenus des pôles opérationnels (+2,8 % par rapport au premier semestre 2016), qui a permis d’absorber d’importants effets négatifs exceptionnels [4] sur le produit net bancaire agrégé (+1,5 %). Les activités de banque de détail en France et sur les marchés domestiques ont vu leurs revenus refluer légèrement sous l’influence de la contraction des marges dans un environnement de taux bas, partiellement compensée par la dynamique des volumes. À l’inverse, les activités de banque d’investissement ont présenté, en moyenne, des évolutions très soutenues, positives pour chacun des groupes mais avec toutefois des écarts notables. De même, les services financiers spécialisés, les activités de gestion d’actifs et d’assurance ont contribué positivement à la croissance du produit net bancaire.
Mises en réserve
Les coûts de transformation engagés dans le cadre des plans stratégiques ont temporairement grevé les frais de gestion (+3 %). Malgré la baisse du résultat brut d’exploitation (-10,5 %), l’allégement du coût du risque (-34,2 %) a limité le recul du résultat d’exploitation (-7,5 %). Les éléments hors exploitation ont profité d’un effet de base favorable inhérent aux dépréciations de titres intervenues au premier semestre 2016 et neutralisé l’effet de la baisse du résultat d’exploitation sur le résultat avant impôt agrégé, lequel s’est stabilisé. Finalement, la contraction du résultat net agrégé « part du groupe » (-4,7 %) a tenu à la hausse de l’impôt sur les bénéfices (+8,1 %) et, dans une moindre mesure, à la progression de la quote-part du résultat revenant aux minoritaires.
À la faveur des mises en réserve, notre échantillon de banques a renforcé son capital Common Equity Tier 1 agrégé de 5,2 milliards d’euros au premier semestre 2017, à 251,5 milliards d’euros. Conjuguées à l’appréciation de l’euro face au dollar qui s’est accentuée depuis le printemps, ces évolutions seront de nature à conforter la position des banques françaises dans le prochain classement de The Banker. Rendez-vous en juillet 2018.