Avec l’arrivée prochaine des nouveaux produits d’assurance-vie euro-croissance et vie-génération, les distributeurs commencent à aiguiller les épargnants vers des supports d’investissement un peu moins sécuritaires. Le risqué sera-t-il vraiment à privilégier en 2014?
Après un mois de décembre 2013 placé sous le signe du recul (1,6Mds d’euros de décollecte), le mois de janvier 2014 s’est révélé plus prometteur pour la collecte en assurance vie. Selon la FFSA, Fédération Française des Sociétés d’Assurance, la collecte s’est établie à 1,4Mds d’euros. Des chiffres a toutefois tempérer selon Philippe Crevel, Secrétaire général du Cercle des Épargnants: “A l’exception du cas particulier de 2012, le résultat du mois de janvier 2014 apparaît assez moyen. Logiquement, la collecte nette du premier mois de l’année, sur ces dix dernières années, se situe entre 3Mds et 6Mds d’euros”.
Les fonds euros classiques se stabilisent
L’assurance-vie reprend donc des couleurs, mais n’entraine pas pour autant dans sa remontée les taux de rendements des fonds en euros classiques. La plupart des enseignes distributrices se sont à ce jour exprimées sur les rentabilités affichées en 2013 par leurs contrats, la moyenne des performances se situerait selon la FFSA à 2,80%.
Si les fonds en euros traditionnels sont aujourd’hui incapables de donner plus car ils sont essentiellement investis sur des obligations d’États. Des placements qui souffrent de la crise qui a impacté l’Europe et qui ont vu l’an passé leur rentabilité descendre en flèche, au seuil historiquement bas de moins de 2%.
En dépit de ces performances modestes, moins désastreuses toutefois que ce qui était envisagé, les épargnants doivent-ils pour autant délaisser les fonds en euros en 2014 ? “Absolument pas”, prévient Jean-Luc Delsol, conseiller en gestion de patrimoine indépendant (CGPI). “Les fonds en euros sont une sécurité dont les épargnants sceptiques ne doivent pas se passer. A l’échéance de leur contrat, ils seront au moins assurés de récupérer la totalité de l’épargne versée, ce qui est un avantage indéniable dont les contrats totalement composés d’unités de compte ne peuvent pas se prévaloir”.
Belle année 2013 pour les fonds euro-dynamiques
Si certains fonds en euros ont réussi à se distinguer des autres, s’envolant à plus de 4% alors que d’autres stagnent atour de la barre des 2%, c’est car leurs gestionnaires ont misé sur le panachage. D’un côté, majoritaire, le fonds en euros classique, d’un autre, pas plus de 25%/30%, des investissements en actions ou dans la pierre (immobilier). Des fonds plus communément appelés euro-dynamiques. Des placements plus risqués mais bien plus fructueux. “Les fonds euros dynamiques ont eu le vent en poupe en 2013. Notamment car le CAC 40 s’est réveillé et a fait une très très belle année, décollant à plus de 20%. En 2014, ces fonds pourraient constituer une habile alternative pour ces épargnants tentés par le risqué mais qui veulent y aller progressivement, tout en restant ancrés à un support en lequel ils ont confiance parce que garanti” explique Jean-Luc Delsol.
Les contrats multisupports en unités de compte
Du côté des contrats misant sur le 100% risque et le 100% rémunérateur, délicat d’affirmer vers quelle tendance globale ils se sont orientés en 2013. Leur bonne tenue ne tient qu’a une seule et unique chose: l’efficace stratégie d’investissement de leurs gestionnaires. Certaines tactiques se sont révélées performantes, notamment celles qui se sont concentrées sur la bourse des actions, d’autres ont davantage péché. Gageons toutefois que certains contrats multisupports peuvent atteindre des rentabilités records situées bien au dessus de la barre des 15%. Un atout non négligeable.
Pour autant, 2014 sera-t-elle l’année du risqué? “Pour moi, il ne peut y avoir que deux possibilités pour qu’un contrat multisupport se démontre concluant pour un épargnant: que le client soit assisté d’un impeccable conseiller, à l’écoute et à la fois malin et intuitif, ou alors que ce soit un épargnant aguerri, parfaitement impliqué dans ses investissements, et qui en a une très bonne connaissance. Dans tous les cas, avec les unités de compte on passe au cran supérieur, on joue dans le cour des grands” prévient Jean-Luc Delsol.
Euro-croissance et Vie-génération, faut-il tenter le coup ?
Adoptée fin 2013 après une année houleuse de débats, la réforme de l’assurance-vie a consacré l’arrivée prochaine de deux nouveaux produits d’épargne: l’euro-croissance et le vie-génération.
Le premier se compose comme un fonds euros basique mais n’est plus sécurisée par une garantie permanente. L’épargne placée sera belle et bien restituée, mais à échéance du contrat au bout de 8 ans. Un produit qui laisse plus de souplesse et de flexibilité aux gestionnaires, qui peuvent ainsi tenter de viser des investissements un peu plus audacieux. Le second se compose comme un placement en triptyque. Un tiers de l’épargne est investi dans le capital d’ETI (les Entreprises de taille intermédiaire), un tiers dans le logement social et le dernier tiers dans les entreprises de l’économie sociale et solidaire. Un contrat jugé plus altruiste et responsable.
Ces deux nouveaux contrats vont-ils séduire les épargnants en 2014 ? “Il va falloir un peu de temps avant que les choses se mettent en place. C’est trop frais, nos clients ne savent même pas encore de quoi il s’agit vraiment. En dépit des 1,5% de taux de rendement supplémentaire que l’euro-croissance devrait faire gagner et de la déduction fiscale de 20% en plus sur le vie-génération, je ne mise pas vraiment sur ces produits en 2014. Il peut y avoir un effet de surprise, mais les épargnants sont bien trop prudents” conclut Jean-Luc Delsol.
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