La réforme de l’Assurance-vie a été présentée en Conseil des ministres le 13 novembre dernier. Le création du contrat Euro-croissance, tel que le rapport Berger/Lefebvre l’avait préconisé au printemps, fait parti du projet.
Officiellement présenté lors du collectif budgétaire la semaine dernière, le nouveau contrat Euro-croissance devrait être lancé en France dès 2014 si le Parlement se prononce en sa faveur. Sa singularité: il s’inscrira comme une troisième alternative aux contrats dits en euros et aux contrats en unités de compte. Un projet qui était particulièrement attendu par les professionnels et les investisseurs.
Un contrat attractif au demeurant
“On a un fonds en euros qui a l’avantage d’être sécuritaire, disponible, et qui offre une rentabilité intéressante. Malheureusement petit à petit le rendement a tendance à diminuer à cause de ces conditions de liquidité et l’environnement de taux bas. Certains épargnants profitaient des unités de compte mais quand on investit dessus on est face à la problématique d’allocation d’actifs, de sélection de fonds… Donc, entre les deux, une institutionnalisation de l’épargne, et non pas une individualisation, pilotée par l’assureur mais avec un certain horizon de placement et un véhicule plus diversifié, c’est finalement entre les deux une bonne idée, et plutôt de bonne augure pour l’avenir” déclare Jean-François Bay, Directeur Général de Morningstar France.
A la différence des souscriptions déjà existantes, l’Euro-croissance permettra d’accéder à un capital garanti, mais seulement au bout de huit ans, avec la promesse d’un rendement supérieur à celui d’un fonds en euros. Si le détenteur du contrat retire de l’argent avant la période de huit ans, la garantie est perdue.
L’Euro-croissance au secours de l’économie française
L’Euro-croissance a vu le jour pour la première fois au printemps dernier, lors de la remise du rapport sur l’épargne longue de Karine Berger et Dominique Lefebvre. Les députés ont cherché un moyen de donner un coup de pouce à l’économie française en récession grâce aux milliards d’euros de capitaux contenus sur l’enveloppe globale de l’assurance-vie.
L’objectif premier de l’Euro-croissance serait donc de réorienter une partie de l’épargne vers le financement d’entreprises hexagonales. “Il faut absolument que les assureurs joue le jeu de l’investissement dans l’économie, en actions d’entreprise. Quand on imagine concrètement dans quoi ils pourraient investir, ce serait plutôt moins d’obligations mais avec des obligations qui seraient placées sur des maturités beaucoup plus longues (3% de rendement sur 15 ans contre 0,90% de rendement sur 5 ans), et un investissement en actions qui dépendrait du timing” explique Jean-François Bay.
En effet, il est aisé de deviner que les assureurs définiront leur stratégie de placement en fonction du comportement des actifs risqués. “Le début est très important” confie le Directeur Général de Morningstar France, “il déterminera la suite et les entreprises ciblées”.
L’Euro-croissance surveillé
Plus minutieuse depuis quelques mois, l’ACPR, Autorité de contrôle prudentiel et de résolution, a indiqué, lors d’une conférence sur les contrôles des pratiques commerciales en assurance et en banque, que l’Euro-croissance serait particulièrement surveillé. Le contrôle s’effectuera surtout sur le fait que “les épargnants habitués à des garanties à tout moment aient bien conscience des conséquences d’un basculement sur des supports n’offrant plus qu’une garantie à échéance. Or, une garantie à échéance, ce n’est pas la même chose qu’une garantie à tout moment” a affirmé Christian Noyer, gouverneur de la Banque de France et président de l’ACPR.
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