La CGT Santé a demandé jeudi l’annulation d’un accord que vient de passer l’AP-HP (hôpitaux parisiens) pour développer l’accueil de patients aisés venant du Moyen-Orient et augmenter ainsi ses recettes.
L’accord passé par l’AP-HP visant à développer l’accueil de patients aisés suscite la colère de la CGT Santé. Le syndicat, dans un communiqué, rappelle que l’Assistance publique Hôpitaux de Paris « est un service public dont la mission est de traiter l’ensemble des patients accueillis sur un pied d’égalité ».
Si ce principe d’égalité n’est pas respecté, le syndicat menace les hôpitaux de Paris de poursuites. « Il est clair qu’on se donne toutes les possibilités d’actions contre cette mesure y compris judiciaires », a déclaré à l’AFP Christian Prudhomme de l’union syndicale CGT de l’AP-HP. « Si on nous refuse une place pour un patient français aux urgences alors qu’il y a des lits réservés pour les VIP, on portera plainte et on aura quelques arguments », a-t-il ajouté, en faisant référence à la jurisprudence en la matière.
Un déficit a combler
La direction de l’AP-HP a reconnu avoir signé il y a un mois un accord avec Globemed, société d’assurance basée au Liban et partenaire d’Axa, pour organiser la venue de patients du Moyen-Orient qui seraient accueillis et traités à des tarifs plus élevés qu’actuellement. Limitée dans un premier temps au Moyen-Orient, la coopération pourrait ensuite être élargie à l’Asie, à la Russie et aux anciennes républiques soviétiques, avait indiqué le week-end dernier le Journal du Dimanche (JDD) qui avait révélé l’information, alors que l’AP-HP n’avait pas communiqué sur cet accord.
L’assistance publique compte réserver 1% de ses lits d’hospitalisation à cette nouvelle clientèle, non bénéficiaire de la sécurité sociale. Objectif : résorber le déficit de l’organisme, estimé à 73,7M d’euros en 2012. C’est dans cette optique que l’AP-HP se sépare depuis plusieurs mois d’une partie de son patrimoine immobilier. Ici, l’accueil de patients étrangers pourrait rapporter entre 3 et 4M d’euros par an à l’institution, selon le président du conseil de surveillance Jean-Marie Le Guen, interrogé par Le Parisien.
La crainte d’un inégal accès aux soins
L’initiative inquiète également les usagers. Contacté par Le Parisien, Tim Greacen, porte-parole des usagers de l’hôpital européen Georges-Pompidou, dépendant de l’AP-HP, met en garde contre un risque d’obstacle aux soins : « Si un seul de ces patients privés empêche l’accès aux soins d’un malade des urgences, c’est la trahison du service public… et ce sera la guerre ».
Pour autant, les opposants à l’accord ne remettent pas en cause le principe de l’acceuil de patients étrangers en France. « Nous sommes pour l’accueil de patients étrangers mais dans le cadre d’accords de pays à pays » a indiqué M. Prudhomme, médecin urgentiste à Bobigny (Seine-Saint-Denis), précisant que les tarifs fixés pourraient varier en fonction des pays.
A l’heure actuelle l’accueil de patients étrangers, quel que soit leur statut et leurs moyens financiers, se fait plutôt au coup par coup. Les patients les plus aisés, et eux seuls, sont pris en charge par des médecins de renom dans le cadre de leur activité privée au sein de l’hôpital public. Une activité très controversée car elle donne lieu à l’application d’honoraires jugés excessifs.
Avec AFP