Frédéric Lipka, directeur du développement de Natixis Assurance, est un ancien patineur. qui a décroché deux titres de champion de France. Il a su concilier des études au plus haut niveau avec les rigueurs d’un entraînement intensif. Ce qui lui a donné une discipline de vie et un caractère forgé.
« A compétences égales, un ancien champion aura toujours quelque chose de plus : sa capacité à gérer de façon mesurée et contrôlée les succès comme les échecs ». Et il n’en manque pas Frédéric Lipka, le directeur du développement de Natixis Assurances. Car sous ses airs calmes, ce grand brun de 43 ans détient deux titres de champion de France en patinage artistique (1988 et 1993).
Si la patinoire ne jouxtait pas la piscine de Valenciennes ou petit, sa maman l’emmenait nager, il n’aurait jamais chaussé les patins. Sa curiosité sera payante puisqu’il est vite promis à un bel avenir sur la glace. Au point d’intégrer un internat Sports-Etudes puis l’Insep, la fabrique à champions du Bois de Vincennes, plutôt que de suivre ses parents mutés au Venezuela.
Après un premier titre décroché l’année de son bac, il obtient une dérogation pour étaler sur quatre ans sa formation. Ce qui lui vaut les sarcasmes de ses professeurs et de ses camarades. Ses performances décrochent. Sur les conseils de Michel Farin, HEC et ancien footballeur, il troque ses études d’ingénieur pour une place à l’ESCP-Europe, après une année ‘sabbatique’ au Bataillon Joinville. Malgré « des journées de dingue, avec un lever à cinq heures en semaine, huit heures de cours et l’entraînement » il évoque une « ambiance fantastique : tout le monde me soutenait ». Les résultats remontent : il redevient champion de France en 1993. Mais rate de peu une place pour les JO.
Vient le temps de la reconversion. A 30 ans, après un premier job à TF1, il part muscler le département sport de Zurich Assurances. L’accueil de son patron est glacial : « Vous étiez dans la lumière. Vous allez retourner dans l’ombre. Vous êtes là pour apprendre votre métier ». Mais Frédéric Lipka n’est pas dupe : « c’était l’un des meilleurs conseils qu’il m’ait donné. Il m’a permis de combler mon retard sur ceux de mon âge sortis d’école avant moi ». Plus tard, Natixis le recrutera sur son parcours de directeur marketing et pour sa personnalité : «je continue à me fixer des objectifs dans ma vie professionnelle comme durant ma carrière sportive » explique-t-il calmement.
Avant d’insister en guise de conseil à un futur ex-champion : « Ne pas brûler les étapes, ne pas faire l’impasse sur ses études. Comme à l’entraînement, il faut être patient et déterminé : tout ne vient pas tout de suite. Comparé à la relative insouciance d’un étudiant souhaitant intégrer le monde du travail, un sportif a appris très tôt à se remettre toujours en question. Et ça, personne ne peut le contester ».