La faillite de Quinta Industries, grand groupe de postproduction pour le cinéma, met actuellement en danger la sortie de nombreux films dans les salles françaises. Les préjudices financiers s’annoncent déjà faramineux et les conséquences de cette liquidation difficilement assurables.
Si 2011 est une belle année pour le cinéma français avec notamment une hausse de la fréquentation des salles, le groupe Quinta Industries pourrait bien ternir le tableau pour les mois qui viennent. En effet, la société de postproduction cinématographique est en faillite et n’est plus en mesure de délivrer les copies de nombreuses réalisations. Selon le quotidien économique La Tribune, la fédération des industries techniques (Ficam) craignait en début de semaine que cette liquidation mette en péril la sortie de 36 films; on parle aujourd’hui de 69 oeuvres menacées…
Le report de la sortie d’un film a évidement des conséquences financières importantes, que ce soit en terme de promotion, d’audience et de marchandising. Pourtant, au niveau des assurances, cet aléa n’est pas couvert. « Il y a tellement de facteurs en jeu que de toute façon il est quasi-impossible de chiffrer le préjudice financier lorsque la sortie d’un film est repoussée. Par conséquent il n’est donc pas possible d’assurer ce risque», explique Marie Lemoine, chargée de comptes chez le courtier Rubini & Associés. « les polices multirisques cinéma souscrites en France permettent l’indemnisation des pertes ou des frais supplémentaires suite à l’interruption, ou l’abandon d’un film. Mais ces garanties en post production ne jouent seulement qu’en cas de sinistres tels que le décès du réalisateur ou encore la destruction accidentelle des rushs et n’interviennent que sur les coûts de fabrication », précise-t-elle.
« Dans le cas de Quinta Industries, le préjudice indirect, notamment sur les campagnes publicitaires, sera énorme. C’est assurable indirectement, mais cela coûtera tellement cher que personne de sera capable de payer les primes », explique ensuite Jean-Claude Beineix, président de Continental Média Assurances (filiale du courtier Siaci Saint-Honoré). « Au final on en revient au principe même de l’assurance, c’est à dire la couverture de vrais critères aléatoires. Ainsi, le seul fait de l’homme n’est pas assurable ».
C’est l’accélération du passage au numérique dans les salles de projection françaises qui est à l’origine des difficultés de Quinta Industries. Aujourd’hui, seulement 40% des cinémas de l’hexagone projettent des œuvres en argentique 35mm. « Si Quinta Industries n’est plus en mesure de continuer son activité, ils ne reste que quelques artisans en France capables de copier des bobines argentiques. Le problème c’est qu’ils vont être vite débordés et ils n’ont pas le matériel pour copier en grande quantité », ajoute M. Beineix avant de conclure que « tout ça est évidement très préjudiciable pour l’ensemble du secteur ».