En janvier 2020, le marché automobile français a accusé d’un certain repli (- 13,4 %)… sauf pour les motorisations électriques. Ces dernières ont représenté quelques 10 952 immatriculations le mois dernier, soit plus de 8 % des ventes automobiles du mois. Il semblerait donc bien que l’électrique ait la cote en ce début d’année 2020. Mais à qui le doit-on ? Aux constructeurs ? Aux consommateurs ?
Anticiper les objectifs écologiques imposés par Bruxelles
L’année 2020 sera une année clé pour l’automobile en Europe. En effet, est entrée en vigueur la nouvelle règle européenne sur les émissions des constructeurs. Ces derniers doivent enregistrer au maximum 95 grammes de CO2 par kilomètre en moyenne sur l’ensemble de leur gamme. Cela n’aura pas été sans conséquences pour le marché auto, et ce dès le début de l’année.
Les chiffres sont assez parlants : 10 952 immatriculations de véhicules électriques durant le mois de janvier, soit 8 % des ventes du marché. C’est un bond de 6 points par rapport à janvier 2019, où l’auto électrique ne représentait que 2 % des ventes de voitures toutes catégories confondues. Parmi les modèles particulièrement cotés, on retrouve notamment la Renault ZOE, une voiture qui n’existe qu’en motorisation électrique (5 331 unités vendues). La 208 II, une des favorites de la marque au lion semble également convaincre en version électrique (2 537 unités vendues). En troisième position des ventes, on trouve le DS 3 Crossback e-tense, le SUV Urbain de DS Automobiles lancé en octobre dernier (597 unités vendues).
Les objectifs à atteindre seront calculés sur l’ensemble de l’année 2020. PSA (Peugeot, Citroën, DS Automobiles, Opel) et Renault n’ont donc pas voulu pas perdre de temps. Ces constructeurs misent aussi sur l’hybride rechargeable pour entrer dans les clous. Plus de 3 700 immatriculations ont été enregistrées pour ce type de motorisation au mois de janvier (2,8 % des ventes).
La pression des risques d’amendes sur les constructeurs français
Il faut dire que la menace des amendes européennes pèse très lourd sur les constructeurs. Ces derniers devront régler la note très salée de 95 euros par voiture vendue en Europe pour chaque gramme dépassé. Dans le cas de PSA, cela représente la coquette somme de 233 millions d’euros par gramme dépassé (le groupe a écoulé plus de 3,1 millions de véhicules en 2018).
Et ces objectifs ne s’arrêtent pas à 2020. La réduction des émissions exigée par l’Union Européenne est draconienne : d’une année sur l’autre, PSA doit abaisser sa moyenne de 20 grammes, Renault et BMW de 21 grammes, Volkswagen de 25 grammes.
D’ailleurs, on peut noter que les constructeurs ont joué de quelques « stratagèmes » afin de stimuler la vente de voitures électriques au début de l’année. Pour certains, la stratégie est simple : retarder les immatriculations prévues à la fin de l’année 2019 des véhicules moins polluants (donc des véhicules électriques) et accélérer celles des véhicules plus polluants pour les faire passer avant 2020, donc avant les calculs des barèmes.
Casser les marges pour vendre plus de voitures électriques ?
Mais si les constructeurs n’arrivent pas aux objectifs fixés malgré tous ces stratagèmes, il est fort possible qu’ils décident de réduire leurs marges. En effet, il se pourrait qu’une réduction drastique de ces marges sur chaque véhicule vendu reste moins coûteuse que les amendes imposées par Bruxelles.
D’après une étude du gestionnaire d’actifs UBS, il faudrait que les constructeurs multiplient par sept la proportions d’hybrides rechargeables dans leurs ventes, c’est-à-dire de passer d’une proportion de 1,2 % des immatriculations (2019) à 8,4 %. Ce taux est bien plus important que la demande actuelle du marché. UBS voit donc une potentielle « guerre des prix » au second semestre pour réduire les émissions de CO2. Il est donc dans l’intérêt de Renault et PSA de stimuler leurs ventes électriques le plus tôt possible pour ne pas se retrouver empêtré dans cette guerre.
Mauvaise nouvelle, UBS estime que Renault fait partie des constructeurs potentiellement menacés par les amendes de Bruxelles. La marque dépend très fortement des ventes de la ZOE pour réaliser les objectifs imposés. Pour les analystes d’UBS, Renault « va perdre de sa compétitivité face aux nouveaux modèles de PSA et de Volkswagen ».