La promesse du site « Arretmaladie.fr » est alléchante. Obtenir un arrêt maladie de trois jours sans passer par un médecin. Ouverte depuis quelques heures, cette plateforme provoque la colère des médecins et de la Sécu.
Un arrêt maladie sans bouger de son canapé
Il n’a que quelques heures d’existence et il crée déjà la polémique. Un site internet nommé « Arretmaladie.fr » provoque la colère des médecins et de la Sécurité sociale. Cette toute nouvelle plateforme allemande de téléconsultations médicales propose aux internautes d’obtenir un arrêt maladie sans passer par un praticien
Le malade est invité à décrire ses symptômes dans un long formulaire. Une fois la tâche accomplie, il est mis en relation avec le médecin qui lui délivrera un arrêt maladie de « trois jours maximum ». Coût de l’opération : 25 euros. À noter que la carte vitale n’est pas acceptée.
Petit « plus », le patient n’aura même pas besoin de bouger de son canapé. C’est l’application qui se chargera d’envoyer à l’employeur et à l’Assurance maladie les documents. De quoi faire bondir les professionnels de santé : « C’est de la marchandisation du système de soin qui fait passer le patient pour un client et le médecin comme un prestataire de services » explique à BFM TV, le Dr Jérôme Marty, président de l’Union française pour une médecine libre (UFML).
De son côté, Can Ansay, le fondateur se défend et plaide pour amélioration du service de santé : « Vous pouvez simplement vous détendre et récupérer. Nous voulons rendre les services médicaux 100 fois plus rapides, plus fiables, plus pratiques et moins chers. Nous avons montré que ça marche en Allemagne. Tout le monde y est gagnant y compris les médecins et le système aussi » raconte-il.
Pour l’année 2020, il espère entre 40 000 et 50 000 arrêts délivrés. Et pour ceux qui critiquent son site, Can Ansay estime que « le risque d’abus n’est pas plus élevé que dans la vraie vie ». D’ailleurs, pour éviter une dérive, il assure limiter le nombre d’arrêts à quatre par an avec un intervalle d’au moins trois semaines. Pas de quoi rassurer le monde médical à commencer par l’Assurance maladie.
L’Assurance maladie saisit le TGI
Le patron de l’Assurance maladie a d’ores et déjà annoncé son intention de mener une action en justice devant le tribunal de grande instance de Paris (TGI). Pour lui, il s’agit « d’un acte de prescription de l’arrêt de travail qui devient un produit d’appel commercial ». L’Ordre des médecins devrait aussi se saisir dossier afin de poursuivre ce nouveau site internet.
Rappelons que depuis le 15 septembre 2018, l’Assurance maladie rembourse la téléconsultation. Une alternative pour de nombreuses personnes qui n’ont pas la possibilité de se rendre chez le médecin. Plusieurs conditions sont à respecter pour obtenir un remboursement :
- Le patient doit connaître le médecin. Il doit avoir eu au moins un rendez-vous dans les 12 mois précédant la consultation.
- Il doit respecter le parcours de soins
- Si nécessaire, le praticien pourra l’orienter chez un autre confrère.
Lors de la première année, ce sont 60 000 consultations qui ont été effectuées grâce à la télémédecine. Un chiffre bien loin des 500 000 consultations attendues. Un démarrage timide qui, à l’époque, est loin d’inquiéter l’Assurance maladie : « La téléconsultation devrait se diffuser plus largement dans les mois et les années à venir ». Un constat partagé par Arnault Billy, directeur général de Docavenue qui a dressé le bilan de la téléconsultation en France pour Assurland.com.