Le gouvernement en place a déjà effectué plusieurs revalorisations de l’allocation adulte handicapé (AAH). Les personnes concernées par cette aide ont constaté une hausse de 41 euros à la fin de l’année 2018 et de 40 euros de ce mois de décembre 2019. Néanmoins, un changement dans le calcul du plafond de ressources exclut quelques situations de ces augmentations.
Les revalorisations de l’allocation adulte handicapé
Les revalorisations de l’allocation adulte handicapé faisaient partie des promesses d’Emmanuel Macron lors de sa campagne présidentielle. L’actuel président avait expliqué vouloir faire grimper cette allocation à 900 euros mensuels ; c’est fait. En ce mois de décembre 2019, elle a encore augmenté de 40 euros, précédée d’une hausse de 8,11 euros en avril 2018 (suivi d’inflation) et d’une autre de 41 euros fin 2018 (première véritable revalorisation). À l’instar du forfait santé pour les handicapés dans le médico-social, cette mesure s’inscrit dans une volonté d’une meilleure insertion des personnes en état de handicap dans la société.
Pour le gouvernement, cette « hausse totale de 11% depuis le début du quinquennat » représente « l’équivalent d’un treizième mois pour les allocataires ». C’est un « effort sans précédent de plus de deux milliards d’euros d’ici à 2022 », allègue-t-il.
Néanmoins, cette hausse est à mesurer. En effet, l’AAH a, en plus des deux revalorisations, connu une modification dans le calcul du plafond de ressources. Et parfois, les avantages financiers de ces augmentations peuvent se voir limités, voire même annulés dans certains cas. Sur les 1,2 millions d’allocataires, on estime à 110 000 le nombre de personnes ne bénéficiant que partiellement de ces récentes hausses, soit 9% du total.
Un changement dans le calcul du plafond de ressources
Tout d’abord, il faut savoir que le plafond annuel de ressources accordant ou non le droit de bénéficier de l’allocation adulte handicapé augmente de façon inévitable si l’allocation elle-même subit une hausse. Pour une personne célibataire, il vaut douze fois le montant maximal de l’AAH, c’est-à-dire 10 800 euros annuels (sans enfant) étant donné qu’elle s’élève désormais à 900 euros.
À l’origine, le calcul du plafond pour une personne en couple consistait en une multiplication par deux le « plafond célibataire ». Mais à la fin de l’année dernière, la première revalorisation a abaissé le multiplicateur à 1,89. Depuis les changements du 1er novembre, il est descendu à 1,81. Sans ces révisions, le plafond pour une personne en couple serait de 21 600 euros. Il n’est aujourd’hui « que » de 19 548 euros.
Les couples désavantagés dans ces nouveaux régimes
Sur les 270 000 allocataires en couple, un quart ne bénéficiera donc d’aucune revalorisation (67 500 personnes) et 15% seront concernés par une revalorisation partielle. De plus, les associations s’inquiètent, car le revenu universel d’activité (RUA) semble de plus en plus proche. Et ce dernier pourrait bien remplacer de nombreuses aides sociales en place, dont peut-être l’AAH.
Carole Saleres, conseillère nationale emploi, travail, formation et ressources à l’APF France handicap témoigne : « Plusieurs signaux nous font craindre que les couples subissent à l’avenir d’autres diminutions du plafond de ressources. Par exemple que le coefficient multiplicateur soit baissé à 1,5, comme pour le RSA. Notamment dans le cadre du revenu universel d’activité, s’il devait inclure l’AAH. La Cour des comptes ayant publié en novembre un rapport pointant du doigt les dépenses liées à l’AAH, il serait facile, pour économiser, de jouer sur le coefficient et sur une harmonisation des formules de calcul des plafonds des minima sociaux concernés par la réforme en préparation. »
En outre, le Conseil national consultatif des personnes handicapées (CNCPH) craint que ces nouveaux paliers renforcent la « relation de dépendance entre les conjoints, concubins ou pacsés, qui est (…) incompatible avec la nécessaire émancipation et le droit à l’autodétermination des personnes en situation de handicap ». Le Conseil pressent également un frein « des couples dans la construction d’un foyer commun, précisément afin d’éviter que celui des deux qui est bénéficiaire de l’AAH ne la perde ».