Agissant notamment en produisant et en décryptant l’information, la Ligue de défense des conducteurs est récemment montée au créneau pour alerter les automobilistes sur le « flicage permanent des conducteurs ». En cause, un texte voté mi-avril 2019 par le Parlement européen qui donnerait lieu prochainement à l’installation de véritables « mouchards » dans les automobiles.
Des dispositifs « liberticides » selon la Ligue
Adoptée en session plénière le 19 avril 2019 à une large majorité par les parlementaires européens, la résolution incriminée prévoit qu’à compter de mai 2022, les nouveaux modèles de véhicules motorisés embarqueront un « système d’adaptation intelligente de la vitesse ». Ce dispositif avertira les automobilistes s’ils dépassent la vitesse maximale autorisée mais il ne s’accompagnera d’aucune espèce de limitation automatique de la vitesse.
En outre, ces véhicules devront également posséder un système d’urgence de maintien de la trajectoire ainsi qu’un système de freinage d’urgence, ce dernier permettant la détection d’une collision imminente et l’activation automatique du freinage.
Enfin, les véhicules devront être équipés d’un « enregistreur de données d’événements » ainsi que d’un « avertisseur de somnolence et de perte d’attention du conducteur ». Les constructeurs automobiles devront également faciliter l’installation d’un « éthylomètre anti-démarrage ».
Secrétaire générale de la Ligue de défense des conducteurs, Nathalie Troussard estime que ces différents dispositifs sont « liberticides » et qu’ils risquent de donner lieu à un « contrôle permanent des conducteurs » ainsi qu’au « recueil des données privées par des constructeurs et/ou des assureurs pour « sanctionner » les automobilistes n’adoptant pas une conduite standardisée ».
L’anonymisation et la protection des données
A l’origine du texte européen, l’eurodéputée polonaise Róża Thun considère qu’il s’agit là d’affirmations « totalement fausses » et invite à se référer précisément à la résolution. Par exemple, l’« enregistreur de données d’événements », qui est présenté comme une « boîte noire » par la Ligue de défense des conducteurs, ne sert en fait qu’à « enregistrer et mémoriser les paramètres et informations critiques en rapport avec l’accident peu avant, pendant et immédiatement après une collision », selon les propres mots de l’eurodéputée recueillis par France Info.
Au sujet de l’impossibilité de « désactiver ces dispositifs », Róża Thun évoque l’existence de différentes protections : le fonctionnement en circuit fermé de l’« enregistreur de données d’événements », l’effacement progressif des données les plus anciennes pour l’enregistrement des données plus récentes, l’anonymisation et la protection des données collectées ou encore l’impossibilité pour l’« enregistreur de données d’événements » de mémoriser la moindre information permettant d’identifier le véhicule ou son utilisateur.
Enfin, en qualité de déléguée générale de l’association Prévention routière, Anne Lavaud se veut rassurante. Elle rappelle notamment qu’en Europe, nous sommes « plutôt bien protégés contre la captation des données » avant de préciser que les informations recueillies par les différents dispositifs précités seront utiles pour recueillir des données qui « permettront d’avoir des informations indispensables et nécessaires » pour l’indemnisation des victimes en cas de sinistre auto.