À l’ère du digital, comment séduire la clientèle des très petites entreprises et des start-up, qui représentent plus de 95 % des entreprises françaises ? Pour HSBC France, cela passe par la création d’un centre d’affaires dédié, réorganisé pour combiner la réactivité du numérique et l’aspect convivial et rassurant d’une agence, suivant une stratégie baptisée « phygitale » par les experts marketing. Cette nouvelle offre de HSBC est lancée en pilote sur la région francilienne à partir de locaux situés à Opéra, au centre de Paris. Une quarantaine de conseillers se répartissent déjà 6 000 clients qui ont migré vers le nouveau service. Signature électronique, accès direct à l’agenda du conseiller, cartes de visite en réalité augmentée, intégration facilitée des comptes aux logiciels de comptabilité… l’offre se veut un laboratoire digital, mais sans remplacer l’humain. « L’entrée en relation sera obligatoirement physique, soit dans le centre d’affaires, soit dans les locaux de l’entreprise. C’est indispensable pour la comprendre », insiste ainsi Richard Lelong, directeur du marché des PME.
C’est une direction opposée à celle prise par les FinTechs qui, depuis plusieurs années, se lancent aussi à l’assaut de la cible des entrepreneurs. « Nos clients sont très contents d’échanger simplement et rapidement à distance et ne veulent pas se déplacer », assure ainsi Alexandre Prot, cofondateur de Qonto, un compte de paiement dédié aux petites entreprises et à leurs salariés qui a conquis 1 500 clients depuis son lancement au début de l’été. « Dans les banques traditionnelles, les conseillers sont plus nécessaires que véritablement utiles. Ils sont principalement là pour résoudre des problèmes que nous traitons, nous, à travers la technologie », explique le dirigeant, citant le blocage des cartes en temps réel ou le changement du code PIN via l’application. Ce sont en effet sur les fonctionnalités facilitant la gestion des comptes courants et des moyens de paiement que les FinTechs veulent faire la différence, comme la gestion des notes de frais (Mooncard), l’agrégation des comptes professionnels et personnels (Linxo), les transactions multidevises (Ibanfirst) ou un système de cashback pour les achats par carte (N26). Mais c’est sur le crédit et le découvert que le bât blesse pour ces jeunes pousses, qui n’exercent souvent que grâce à une licence d’établissement de paiement ou de monnaie électronique. HSBC, banque de plein exercice, offre en revanche dans son nouveau centre d’affaires l’ensemble de l’offre bancaire traditionnelle, y compris des financements de court et long terme et des solutions d’affacturage. À l’heure de la multiplication des partenariats entre FinTechs complémentaires – Qonto va s’allier avec Kantox pour les transferts en devises et avec iZettle pour les terminaux de paiement mobiles –, cet avantage des banques traditionnelles pourrait vite s’étioler. S. L.