Dans un marché mondial des fusions acquisitions bancaires relativement calme, tous les regards sont tournés en direction de la péninsule ibérique. En effet, Banco Popular est dans une situation critique en raison des 37 milliards d’euros de créances douteuses, héritées de la grave crise immobilière de la fin des années 2000 qui a mis à terre nombre de ses concurrentes. À l’époque, la banque espagnole avait réussi à échapper à un sauvetage. C’est maintenant qu’elle se trouve en très grande difficulté, alors que les autres acteurs se sont relevés et se portent bien, dans un secteur bancaire fortement restructuré et assaini au cours des cinq dernières années.
L’an dernier, Banco Popular a réalisé une perte de près de 3,5 milliards d’euros et a vu sa capitalisation boursière fondre de 65 % sur l’année écoulée, pour tomber à environ 2,5 milliards d’euros à la fin mai. Début juin, il lui a fallu trouver rapidement une solution pour éviter la faillite. Le ministre de l’Économie espagnol, Luis de Guindos, avait déjà clairement fermé la porte à toute opération de renflouement de l’établissement bancaire sur fonds publics. De la même manière, les actionnaires actuels de la banque étaient très réticents à participer à une nouvelle augmentation de capital, après les 2,5 milliards d’euros levés en 2016. La pression était donc au plus haut sur les dirigeants de la banque ibérique pour trouver un acheteur dans les plus brefs délais.
Trois de ses compatriotes, Banco Santander, BBVA et Bankia, avaient exprimé de manière officielle leur intérêt pour la sixième banque espagnole (voir Encadré 2). C’est l’offre de Santander qui a finalement été retenue. Le numéro un bancaire espagnol s’intéresse aux positions solides de Banco Popular en banque de détail et notamment sur le marché du crédit aux PME, où elle possède un leadership au niveau national. Elle devra néanmoins lever 7 milliards d’euros via une augmentation de capital pour finaliser cette acquisition. BBVA n’excluait pas non plus de soumettre une offre ferme. En décembre dernier, elle avait déjà eu des contacts rapprochés avec les anciens dirigeants de Banco Popular autour d’un éventuel rachat. Quant à Bankia, elle était considérée comme un acquéreur potentiel crédible et solide, même si elle est contrôlée à plus de 66 % par l’État, depuis son renflouement par le gouvernement espagnol à hauteur de 22 milliards d’euros en 2012. Le rachat de Banco Popular est réalisé dans le cadre de la nouvelle procédure européenne de résolution des défaillances bancaires, destinée à protéger les contribuables lors des faillites bancaires. Nous reviendrons en détail, dans le prochain numéro de septembre, sur les éléments stratégiques de cette opération ainsi que sur ses conséquences au niveau réglementaire.