Le financement des petites et moyennes entreprises (PME) en France est très majoritairement bancaire et fonctionne globalement bien. Fin mars 2017, les encours de crédit aux PME [1] atteignaient 390,3 milliards d’euros (+3,1 % sur un an) [2]. Les encours de crédit aux seules TPE s’élevaient à 251,7 milliards d’euros (+ 4,1 %) fin 2016. Comme les banques se plaisent à le souligner, la France se place au premier rang en termes de croissance du crédit aux entreprises dans la zone euro, avec 4,9 % sur un an en 2016, contre 2 % en moyenne.
De l’eau a coulé sous les ponts près de dix ans après la crise de 2007-2008. La crainte du tarissement du crédit bancaire avait alors conduit à la création de la Médiation du crédit aux entreprises. Aujourd’hui, le crédit bancaire est porté par une légère embellie conjoncturelle et la reprise de la demande, et par la politique monétaire de la BCE, les liquidités abondantes et les taux d’emprunts très bas.
De nouvelles tendances se dessinent dans ce paysage global, que les banques vont devoir prendre en compte. Fabrice Pesin, actuel médiateur national du crédit et président de l’Observatoire du financement des entreprises, constate que les conditions d’octroi évoluent, par exemple vers davantage de cofinancement entre banques pour des montants de plus en plus modestes. Selon lui, les évolutions de la réglementation prudentielles pourraient impacter leur politique des risques, même si cet impact ne se ressent pas aujourd’hui sur les volumes distribués.
Certains risques sont plus complexes à prendre que d’autres, à l’heure où nombre de PME doivent faire leur transition numérique et où le financement de l’innovation est une question majeure. Bpifrance, qui accompagne les banques en garantie et en cofinancement, entend répondre aux problématiques de financement de l’immatériel et de l’innovation, sur lesquelles travaillent également les banques commerciales, Banques Populaires par exemple.
Il reste par ailleurs des fragilités. L’accès au crédit de trésorerie des TPE demeure plus difficile, estime Bernard Cohen-Hadad (CPME), pour qui les relations des banques avec les plus petites entreprises pourraient être plus étroites pour améliorer la connaissance de l’entreprise par la banque et la confiance mutuelle.
Même si le crédit aux TPE-PME reste essentiellement bancaire, des sources alternatives de financement ont été voulues par les Pouvoirs Publics. Fonds de prêt à l’économie, charte Euro PP, cadre réglementaire du crowdfunding… Certaines ouvrent une brèche dans le monopole bancaire.
Le financement participatif sous forme de prêt pour les PME est en forte croissance mais reste extrêmement modeste, de l’ordre d’une centaine de millions d’euros sur les 233,8 millions que pesait le crowdfunding fin 2016. Une goutte d’eau face au crédit bancaire, mais une goutte qui pourrait faire bouger les lignes, moins dans l’équilibre des volumes que dans le mode de relation entre le créancier et l’emprunteur. Le crowdfunding défie les banques par sa rapidité et par l’absence de demande de garantie et caution personnelle. Le digital ne bouscule pas seulement la banque des particuliers.
Enfin, les méthodes de scoring commencent à intégrer des données dites non conventionnelles, issues notamment des réseaux sociaux, pour affiner les analyses de crédit, les rendre plus rapides, voire servir des clients qui sont hors des circuits bancaires. La plate-forme Credit.fr a mis au point un outil qui améliore la performance de ses algorithmes de scoring avec davantage de datas. Plutôt issu des pays émergents et du crédit aux particuliers, ce scoring « social » est utilisé par quelques rares start-up sur le segment des entreprises et pourrait intéresser les acteurs traditionnels. Certains en font un objet de R&D.