La présentation officielle du programme Vitality pour la France, réalisée ce 6 septembre 2016, entendait répondre à ces craintes, sur les données bien sûr, sur le spectre de l’assurance au comportement également : les assurés allaient-ils désormais payer leur assurance santé en fonction de leur hygiène de vie ?
Si ce programme, dans sa forme actuelle, se révèle finalement plutôt simple (et moins sujet à polémique qu’en Allemagne sur la tarification), sa présentation n’a toutefois pas éteint les questionnements et autres critiques à son égard.
Des craintes qui ne s’éteignent pas
Le Collectif interassociatif sur la santé (CISS) voit ainsi dans Vitality le berceau d’un «creusement des inégalités de santé» puisqu’en se concentrant (pour l’heure) sur la collective, «les plus exposés aux risques vont, encore plus, financer le train de vie sanitaire des plus favorisés» – les contrats individuels étant plus onéreux que les collectifs.
Si, dans Vitality, ni l’assureur ni les employeurs n’auront accès aux données communiquées via le programme, une exception persiste toutefois : l’employeur pourra connaître le nombre de salariés de son entreprise intégrant la démarche Vitality… si ce nombre est supérieur à 20. «On n’a encore jamais vu un assureur collecter des données pour ne rien en faire !» s’insurge le CISS, appelant la CNIL à se pencher sur le sujet – démarche déjà entreprise par Generali.
Generali Vitality, en France, constitue plutôt un coup d’essai… avant une potentielle révolution du marché de l’assurance santé. Une perspective qui en intrigue plus d’un : «A force d’individualiser les contrats, l’assurance ne s’éloigne-t-elle pas de son rôle originel, qui est de partager les risques au sein d’une société ?» prévient ainsi l’éditorialiste des Echos Guillaume Maujean. Analyse partagée par la secrétaire nationale de la CFDT Jocelyne Cabanal : «Cette initiative, inédite en France, met le doigt dans un engrenage dangereux du point de vue de la solidarité et de la mutualisation des risques entre malades et bien portants».