Depuis quelques années, les taux de rendement des contrats d’assurance vie affichent une performance en baisse. De 5,7% en 1996, les fonds en euros se retrouvent en peine en 2012 autour des 3%. Comment expliquer ce fléchissement ? Faut-il distinguer dans cette tendance à la baisse un mauvais présage pour les années à venir ?
Les fonds en euros des contrats d’assurance-vie que l’on rencontre actuellement sur le marché sont garantis en capital par l’assureur. Une dénomination qui peut sembler barbare ou technique pour un non initié mais qui sous entend simplement que l’assureur s’engage envers son client à lui reverser l’intégralité de ce capital à la sortie du contrat. Afin d’honorer cette garantie qu’il apporte pour conquérir sa clientèle, le gestionnaire opte pour une stratégie d’investissement sécurisée. Une tactique prudente qui intervient au travers de l’achat d’obligations d’États, français ou européens. “Les fonds en euros sont fortement corrélés aux obligations d’États. Comme leurs taux baissent en raison de la persistance de la crise, cela se répercute automatiquement sur les propres taux des fonds en euros” explique Corinne Jehl, actuaire et practice leader Épargne chez Optimind Winter.
Quand les stratégies permettent de se démarquer
Si la rentabilité de certains contrats affiche des résultats nettement louables, d’autres en revanche courbent littéralement le dos devant le poids d’une crise qui ne s’essouffle pas. Comment expliquer cette disparité dans les performances enregistrées ? “Les assureurs emploient des stratégies diverses. Certaines ont été payantes en misant davantage sur la prise de risques, notamment en investissant sur des obligations bancaires ou de grandes entreprises cotées. Parfois même en plaçant sur de l’immobilier” indique Corine Jehl. Autre méthode, la provision pour participations aux excédents.
Une réserve due aux assurés qui est alimentée lorsque les taux de rendement n’ont pas besoin d’être gonflés. Cela permet de lisser la rentabilité d’une année sur l’autre, notamment lorsque la conjoncture est peu favorable aux placements. “Cette année certains assureurs ont fait le choix de puiser dans leur provision pour participations aux excédents pour maintenir des taux raisonnables ou pour surperformer le marché. D’autres ont encore préféré jouer la carte de la sécurité en renflouant leur provision en cas de coup dur futur” raconte Corine Jehl.
Perspectives d’avenir
“Il est difficile de prédire de quoi sera fait l’avenir en matière de tendance des taux de rendement. Il faut bien comprendre que les rentabilités de l’année 2012 reflètent l’année précédente et non les mois à venir. Il y a une certaine inertie à prendre en compte. Ainsi les performances d’aujourd’hui auront un impact beaucoup plus tardif “ précise l’actuaire.
Ainsi peut-on tout de même présager que les conditions de rehausse des taux tiendraient à une remontée en valeur des obligations d’États jumelée à une amélioration de la collecte en assurance-vie. Rappelons que celle qui constituait le placement préféré des Français s’est retrouvée boudée l’an passé en raison des zones d’ombre planant sur une éventuelle modification de sa fiscalité, et en raison également du doublement du plafond du Livret A. L’assurance-vie a donc subi une décollette particulièrement nuisible. “Si toutes les conditions étaient remplies, les taux de rendement seraient tirés vers le haut, mais il ne faut pas s’attendre à une ascension fulgurante. Cela se ferait progressivement, toujours à cause de cette fameuse inertie” conclut Corinne Jehl.