L’assureur américain AIG a enfin choisi un avenir pour sa filiale de location d’avions ILFC, jugée non stratégique, qu’il va céder à un groupe d’investisseurs chinois alors que le transport aérien en Asie devrait s’accélérer fortement dans les années à venir.
« Un groupe d’investisseurs composé des fonds New China Trust, China Aviation Industrial Fund et P3 Investments a accepté d’acquérir 80,1% d’ILFC pour environ 4,23Mds de dollars, avec une option pour racheter 9,9% supplémentaires », précise le communiqué d’AIG. Y compris les 9,9% supplémentaires, la transaction représenterait 4,75Mds de dollars. L’opération valorise le total d’ILFC à 5,28Mds de dollars. Elle doit encore recevoir l’approbation des autorités américaines et chinoises.
AIG avait prévenu vendredi qu’il travaillait à cette opération et avait également mentionné parmi les investisseurs du consortium New China Life Insurance ainsi que la branche d’investissement de la première banque chinoise, ICBC.
L’opération devrait se traduire pour AIG par une perte non-opérationnelle de 4,4Mds de dollars lorsqu’elle sera finalisée, a priori au deuxième trimestre 2013. « AIG conservera au moins 10% d’ILFC, ce qui lui permettra (…) de profiter des bénéfices que le groupe d’investisseurs va amener à l’entreprise », note le communiqué. AIG n’a cessé de tergiverser depuis quatre ans sur la meilleure manière pour lui de monétiser ILFC. Il avait notamment annoncé en juillet 2011 son intention de l’introduire en Bourse.
« Cette transaction crée un partenariat stratégique solide pour ILFC » et « va avoir un impact positif sur la liquidité et le profil de crédit d’AIG en nous permettant de nous focaliser sur nos activités d’assurance », a commenté Robert Benmosche, directeur général d’AIG. Weng Xianding, président de New China Trust, a déclaré dans le communiqué que ce rachat allait permettre à ILFC de « continuer à servir ses partenaires à travers le monde (…) accélérant sa croissance vers d’importants marchés de croissance, y compris l’Asie ».
Le communiqué note que « l’an dernier, ILFC a ouvert de nouveaux bureaux à Pékin et à Singapour » en raison d’une demande régionale qui « devrait s’accélérer de manière importante ». C’est un « très grand pas pour l’implication de la Chine dans le secteur de l’aviation » mais « beaucoup va dépendre de ce qu’ils font de l’entreprise » a estimé Richard Aboulafia, analyste de Teal Group, interrogé par l’AFP. ILFC « a maintenant un portefeuille d’appareils vieillissants et dévalués », ajoute-t-il, affirmant que le groupe d’acheteurs va devoir mettre beaucoup d’argent dans la modernisation de la flotte s’il veut qu’ILFC redevienne le leader du secteur.
ILFC, désormais le deuxième loueurs d’avions en termes d’actifs après Gecas, filiale de GE, affiche une flotte de plus de 1.000 avions en propre ou gérés et une base de clientèle d’environ 200 compagnies aériennes dans 80 pays. Gecas revendique 1.700 appareils et 220 clients.
ILFC emploie actuellement 560 personnes dont plus de 450 aux Etats-Unis. L’an dernier, il a enregistré une perte nette de 723M de dollars pour un chiffre d’affaires de 4,45Mds de dollars, en baisse de 6% sur un an. Il a passé ces dernières années plus de 3Mds de dollars de dépréciations d’actifs mais a renoué avec la rentabilité opérationnelle. L’équipe dirigeante d’ILFC va rester en place y compris son directeur général, le Français Henri Courpron. En revanche, un nouveau conseil d’administration sera nommé une fois la cession achevée, où siègera M. Benmosche.
AIG a échappé à la faillite en 2008, au plus fort de la crise financière, grâce à une intervention massive de l’Etat de l’ordre de 180Mds de dollars. Après être monté jusqu’à 92% du capital, l’Etat est redescendu à 16%.
New York, 10 décembre 2012 (AFP)