Alors que la concurrence s’intensifie, la personnalisation des offres s’accroît et les tarifs sont de plus en plus ‘démutualisés’. Les mutuelles sans intermédiaires (MSI) n’échappent pas à ce mouvement de fonds et le mouvement de démutualisation des risques paraît inévitable.
Les garanties « à la carte » deviennent monnaie courante sur le marché. Les offres récemment lancées s’inscrivent dans cette tendance.
Par exemple, Allianz propose une nouvelle assurance habitation depuis juillet 2012 qui permet une couverture sur-mesure. En plus des garanties de base, l’offre comporte une large palette d’options incluant différents niveaux de garanties en vol, assistance, bris de glace, par exemple, ainsi que des solutions panne pour les appareils électroménagers, TV, informatique,… « Le but est d’être assuré pour ce qu’on a besoin, ni plus, ni moins », résume Valérie Mazereau, responsable de l’offre assurance de biens et responsabilités. Une tendance qui s’accentue notamment dans le contexte de crise économique.
Autre acteur qui a récemment renforcé la personnalisation de son offre, la Maif. « Nous avons créé plusieurs niveaux de franchises dans une logique de modularité », précise Thierry Couret, directeur délégué du développement. Par ailleurs, l’assureur mutualiste lancera une garantie des loyers impayés début 2013 avec un partenaire.
Le courtier grossiste Solly Azar a également développé l’aspect modulaire. « Notre MRH, lancée au printemps 2012, en partenariat avec la Mutuelle Alsace Lorraine, comporte un socle de base et neuf garanties optionnelles liées aux nouvelles consommations telles que le Pack Nouvelles Technologies qui couvre les appareils nomades », souligne Maxime Beth, directeur technique et marketing. Par ailleurs, le courtier grossiste est l’un des rares intervenants qui s’est positionné sur le « pay as you drive » (PAYD) en auto. Lancée dès 2008, cette assurance cible les jeunes conducteurs. « Cette offre est en cours de modernisation. Nous voulons nous maintenir sur un positionnement de PAYD. Le but est de créer du volume en s’adaptant aux modes de consommation », ajoute Maxime Beth. Une nouvelle version devrait ainsi voir le jour au deuxième trimestre 2013. Seul Amaguiz, le site de ventes directes de Groupama, s’est véritablement développé sur ce créneau (les contrats PAYD représentent un quart de son portefeuille auto, soit environ 27.000 contrats, mi-2012).
Segmenter les risques
De plus en plus d’assureurs renforcent la segmentation de leur gamme IARD. Par exemple, Axa France a largement opté pour cette stratégie depuis une quinzaine d’années avec des offres ciblées (assurance auto monospaces, petits rouleurs,…). « Cela a permis à Axa de concurrencer les mutuelles en se positionnant avec un tarif inférieur, tout en dégageant une rentabilité satisfaisante », observe Cyrille Chartier-Kastler, président de Facts & Figures.
Les mutuelles tendent également à développer cette approche. Ainsi, la Maif a enrichi sa MRH d’une formule entrée de gamme début 2012 qui cible notamment les jeunes.
« Même si ce n’est pas la politique historique des MSI, elles sont obligées de suivre cette tendance. Si elles ne le font pas, elles vont garder tous les mauvais risques et perdre les bons », commente Cyrille Chartier-Kastler.
Autre signe de cette segmentation affinée, les forfaits kilométriques à l’année qui se sont généralisés chez la plupart des assureurs auto. En assurance habitation, la tendance est également à une segmentation accrue des risques et des tarifs, en fonction de la zone géographique et du type d’habitat.
Consolider les parts de marché
Sur un marché hautement concurrentiel notamment en assurance auto, le but des principaux intervenants est souvent de consolider leur part de marché.
« Nous maintenons notre développement sur l’offre Raqvam (assurance habitation, ndlr). En assurance auto, cela est plus difficile. Nous suivons les tendances du marché. Nous allons être au même niveau que 2011 qui n’était pas un bon cru. En revanche, notre objectif de maintien de part de marché est atteint », détaille Thierry Couret, Maif.
Allianz France vise également une consolidation de ses parts de marché. « En assurance auto, le solde de contrats est positif pour 2012, ce qui est satisfaisant sur un marché saturé. En MRH, nous venons de lancer notre nouvelle offre et le réseau de distribution est en phase d’appropriation », indique Christine Nonnenmacher, directrice marché grand public et haut de gamme. Quid des objectifs pour 2013 ? « Notre objectif est d’atteindre un solde positif sur ces deux marchés, l’auto et la MRH ».
A quelles tendances peut-on s’attendre pour 2013 ? « En MRH, il existe une corrélation avec le nombre de foyers économiques. Ainsi, c’est un marché qui va croître faiblement. En revanche, en assurance auto, on peut craindre que 2013 soit encore une très mauvaise année compte tenu de la crise qui pénalise les capacités financières des individus », conclut Thierry Couret. Les véhicules hybrides et électriques à moyen terme pourraient néanmoins apporter un nouveau souffle au marché.