En vigueur depuis plusieurs mois déjà, la loi Lagarde peine à être tout à fait respectée par les principaux acteurs de l’assurance credit. En l’occurrence, il est essentiellement question des établissements bancaires qui jouent sur les mots et résistent à la liberté de choix de leurs clients. Revue de détails.
89 % des cotisations pour la banque
Difficile de faire plus clair : d’après une récente enquête menée par Ipsos pour La Macif, 60 % des emprunteurs ne savent pas qu’ils ont toute latitude pour souscrire une assurance credit dans un établissement différent de celui où leur prêt a pu être contracté.
Un flou autour de la loi Lagarde qui profite au secteur bancaire : les banques représentent 89 % des cotisations contre 11 % pour les assurances si l’on en croit les chiffres dévoilées par la Fédération Française des Sociétés d’Assurances (FFSA).
Pour Isabelle Tourniaire, du cabinet BAO, ces pourcentages illustrent une carence de la loi : « il n’y a pas eu de changement significatif car la loi Lagarde n’est pas opérationnelle. Elle pose le droit de choisir mais ne prévoit pas que l’emprunteur puisse se défendre dans la négociation avec la banque ». Selon Maxime Chipoy, chargé de mission d’UFC-Que Choisir : « les banques jouent sur le terme ‘équivalent’ de la loi Lagarde et cherchent la garantie qui ne se retrouve pas dans le contrat individuel pour le refuser en arguant qu’il n’est pas équivalent au contrat groupe ».
Une ligne Maginot ?
Une manière de procéder qui peut freiner le développement des assureurs sur le segment des contrats groupe. Jean-Claude Jégou, directeur général d’AFI Esca, en est convaincu évoquant une « véritable ligne Maginot mise en place par les banques ».
En fait, il semble que la situation diffère d’un établissement bancaire à l’autre. Ainsi, la BNP Paribas a créé un outil pour aider ses conseillers de clientèle à bien comparer les garanties des différents contrats. Et, si les contrats groupe sont à ce point plébiscités, c’est surtout grâce à leur accessibilité, estime Jean-Pierre Diaz, responsable des produits épargne et prévoyance chez Cardif.
Reste que, sur le front des contrats d’assurance individuels, la loi Lagarde fait figure de joli coup de pouce qui fait dire à Joël Farré, directeur général de MetLife en France : « Nous avons une hausse de 50 % des contrats en volumes et de 25 % en valeur sur la fin 2010 et le premier semestre 2011 ».