Alors que le gouvernement affiche son optimisme pour la reprise de l’activité depuis le déconfinement du 19 mai, les représentants des très petites entreprises se montrent très prudents au regard de l’endettement important de nombre d’entre elles et de l’incertitude qui pèse malgré tout sur la reprise économique et sur l’évolution de la situation sanitaire.
« D’après les données de l’Observatoire du financement des entreprises, l’endettement des entreprises n’aurait que peu augmenté en 2020, au constat notamment que la trésorerie est sensiblement équivalente aux dettes bancaires. Mais cette trésorerie est en quelque sorte fictive car ne sont pas comptabilisés tous les éléments liés au passif de ces entreprises, les dettes fiscales et sociales, les reports de loyer et parfois de créances sur certains fournisseurs… tout ce que l’on appelle le « mur de dette » qu’il va falloir commencer à envisager de payer », s’inquiète Marc Sanchez, secrétaire général du Syndicat des indépendants (SDI).
Or d’après le baromètre mensuel TPE-Covid du SDI [1], beaucoup de TPE hors secteurs S1/S1bis (secteurs soumis à restrictions au-delà du 11 mai 2020 et secteurs dépendants de ces derniers, ayant bénéficié des aides publiques) ont des pertes cumulées sur une quinzaine de mois comprises entre -20 à -30 % de leur chiffre d’affaires, et du même ordre pour le seul premier trimestre 2021.
« Nous ne sommes pas dans un angélisme démesuré sur la situation économique des entreprises du commerce de proximité, qui reçoivent du public et ont été pénalisées par les confinements, couvre-feu, contraintes sanitaires. Si elles veulent avoir en 2021 une situation bilancielle qui soit au moins à l’équilibre, il faudrait mathématiquement qu’elles réalisent un chiffre d’affaires de 110 et 120 % de plus que ce qu’il aurait dû être normalement, ce qui va être assez compliqué. On espère que la relance sera rapide et forte comme lors des premiers déconfinements, mais la question porte sur la durabilité de cette relance, et nous ne sommes pas à l’abri d’une reprise du virus, d’un nouveau confinement et de nouvelles contraintes sanitaires », observe Marc Sanchez.
Un PGE sur trois épuisé
Depuis mars 2020, environ 600 000 TPE ont obtenu un Prêt garanti par l’État (PGE). 60 % d’entre elles l’ont utilisé et une sur trois (200 000 TPE) l’a épuisé pour faire face à ses dettes et charges courantes, selon le baromètre du SDI. « Le problème est que le PGE a été utilisé pour une bonne partie des TPE pour payer de la dette selon un mécanisme, qui peut devenir pernicieux, qui consiste à reconstituer sa trésorerie par de la dette acquise. Nous souhaitons pouvoir étaler ce mur de dette le plus possible pour tous les éléments qui le constituent », résume Marc Sanchez. Cet étalement de la dette des TPE pourrait passer par l’allongement de la durée du remboursement du PGE de 6 à 8 ans en cours de discussion avec la Commission européenne. Le SDI demande également le maintien du fonds de solidarité au moins jusqu’à fin août, une option de droit pour le remboursement des dettes sociales et fiscales sur 24 mois, et un cantonnement bilanciel de la « dette Covid », notamment pour que la note Banque de France de ces entreprises ne soit pas grevée par leur situation. Pour l’heure, 8 % des TPE ne savent pas si elles pourront rembourser leur PGE, selon le SDI.
Les nouveaux dispositifs d’accompagnement des entreprises en cours de discussions au parlement devraient comporter une procédure simplifiée de restructuration de la dette des petites entreprises, selon un amendement proposé par le gouvernement le 19 mai dans le projet de loi sur la gestion de la sortie de crise sanitaire.
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