Le marché du neuf peine encore à reprendre des couleurs, un an tout juste après un mois d’avril historiquement catastrophique pour les ventes de voitures. Face à cette débâcle, le marché de l’occasion tire son épingle du jeu comme jamais.
Deux mois de baisses en janvier et février
Où en est le marché automobile français ? S’est-il remis du ralentissement économique consécutif à la crise du Covid-19 ? La question se pose pour deux raisons. Tout d’abord, car à l’issue du premier trimestre 2021, il n’avait toujours pas repris de couleur.
Pour commencer l’année, les ventes de véhicules neufs en France avaient baissé de 5,85% en janvier, par rapport à un an plus tôt. Plus inquiétant, cette baisse s’était encore accentuée en février, avec seulement 132 600 immatriculations, soit une chute des ventes de près de 21%, au regard de février 2020.
La comparaison avec les mois de janvier et de février 2020 est éloquente : le coronavirus n’avait alors pas encore mis à l’arrêt l’économie. Les ventes réalisées sur ces deux mois peuvent donc service d’indice de référence. Le fait d’avoir constaté deux baisses consécutives cette année par rapport à il y a un an signifie donc que le marché automobile n’avait pas retrouvé son niveau d’avant-crise en janvier et février.
Comment comparer des périodes si différentes ?
Toutefois, les chiffres tentent à montrer que sur le premier trimestre dans son entier (mois de mars compris) les ventes ont bien progressé : +21,1% en France, à l’image de l’ensemble du marché européen (+3,2%).
Les ventes de mars semblent en effet avoir compensé les déficits de janvier et de février. À l’échelle de l’Europe, le bond des immatriculations en 2020 est même spectaculaire : +62,7%. Mais ce chiffre impressionnant peut s’expliquer aisément : il témoigne de la progression ventes par rapport à mars 2020, mois au cours duquel les premiers confinements nationaux stricts furent décrétés. Il aurait donc été difficile de faire pire qu’un an plus tôt…
Pour éviter ce type de comparer des périodes qui n’ont rien à voir en termes de production et de consommation, les chiffres des ventes du mois dernier sont calculés par rapport à avril… 2019. Et c’est la deuxième raison pour laquelle il est intéressant de regarder les chiffres de ce mois d’avril. Car, il y a un, le marché automobile français connaissait le pire mois de son histoire : des ventes en chute libre de 90%.
Pour vous rappeler l’étendue du marasme, durant la première semaine d’avril 2020, on comptait seulement 200 voitures neuves écoulées par jour, contre plus de 6 000 un an plus tôt. Comparer les mois d’avril 2020 et d’avril 2021 n’aurait donc pas eu grand sens.
Pas de regain en avril, même par rapport à 2019
Mais qu’en est-il alors par rapport à avril 2019 ? Et bien les immatriculations ont une nouvelle fois baisser, et lourdement : -25,38%, soit un quart de ventes en moins par rapport à avril 2019, et avec le même nombre de jours ouvrables.
Les constructeurs français apparaissent toujours à la peine : le groupe Stellantis (Peugeot, Citroën, DS et Opel) a vu ses ventes diminuer de 30% le mois dernier (toujours rapport à 2019), c’est à peine mieux que le groupe Renault (Renault, Dacia, Alpine) : -32,50%.
Le marché de l’occasion à un niveau historiquement haut
Seule lueur d’espoir au tableau : les ventes de voitures d’occasions. Depuis le début de la crise, le marché de la seconde main est en plein dynamisme. Mais particulièrement en cette première partie d’année. En avril, les ventes d’occasions ont, elles, progressé, de près de 3%.
Depuis janvier, jamais il ne s’était jamais vendu autant d’autos d’occasion : 2 millions d’immatriculations, une hausse de près de 45% par rapport à il y a un an, mais aussi de 8,7% au regard de 2019.
Comment expliquer cet engouement ? Pour des raisons économiques tout d’abord, avec la possibilité, en période de crise et d’incertitude, d’acquérir un véhicule moins cher. Ce marché a de plus pu profiter de la vente entre particuliers, tandis que les concessionnaires ont connu des périodes de fermeture et de restrictions sanitaires. Enfin, le marché du neuf reste pénalisé par une pénurie mondiale de puces électroniques, à l’œuvre depuis le début d’année, et qui risque de faire grimper les cotisations d’assurances auto.
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