Amis motards ou amateurs de deux et trois-roues motorisés, vous ne pouvez plus rouler entre deux files de véhicules depuis le 1er février 2021. Cette possibilité avait été mise en place dans le cadre d’une expérimentation qui remonte à 2016, et qui s’est tenue dans les 8 départements d’Ile-de-France, ainsi que dans les Bouches-du-Rhône, la Gironde et le Rhône : des zones aux trafics routiers particulièrement congestionnés.
La fin d’une expérimentation de cinq ans
Cette pratique, qui n’est pas autorisée par le code de la route, avait été mise à l’épreuve pour permettre aux motos et scooters de se dégager plus rapidement d’un trafic non-fluide, sans dépasser les 50 km/h. Le test, qui devait prendre fin l’année dernière, avait finalement été prolongé d’un an, et il a donc pris fin le 31 janvier dernier.
Vraisemblablement, cette possibilité ne sera pas intégrée pour le moment au code la route. La Sécurité routière a en effet jugé le bilan de cette expérimentation sur cinq ans décevant. Elle s’est pour cela appuyée sur un rapport du Cerema (Centre d’études et d’expertises sur les risques, l’environnement, la mobilité et l’aménagement). Selon cet institut, l’essai s’est en effet même avéré dangereux.
L’accidentalité a progressé sur les routes concernées
Il ressort de son enquête que l’accidentalité des deux-roues motorisés au sens large a augmenté sur les routes où la circulation interfile avait été momentanément autorisée. Dans les départements soumis au test, les accidents de deux-roues ont augmenté de 12% sur les routes concernées, et ont baissé simultanément de 10% sur les autres voies, comme le note le rapport du Cerema :
« Les résultats d’accidentalité semblent indiquer une tendance à une légère hausse des accidents corporels liés à la circulation interfiles ou à la remontée interfiles, avec en Gironde pour le réseau expérimental un triplement des accidents corporels reliés à cette circulation spécifique des deux roues ».
Pour appuyer sa démonstration, le Cerema a notamment relevé un échantillon de près de 4 500 PV d’accidents de deux-roues survenus sur le réseau expérimental entre 2015-2018. Il en ressort que la circulation interfile aurait causé 1 650 accidents légers, 161 accidents graves et 16 accidents mortels.
Les motards s’exposent de nouveau à une amende, jusqu’à nouvel ordre
La Déléguée interministérielle à la Sécurité routière, Marie Gautier-Melleray a donc tranché : il n’est pas possible en l’état, et sur la base de ces résultats, d’ajouter pour l’heure la circulation interfile au Code de la route. Depuis le 1er février, les contrevenants s’exposent donc de nouveau à une perte de trois points sur leur permis moto et d’une amende de 135 euros.
Toutefois, cette « ré-interdiction » pourrait ne pas être définitive. En effet, les pouvoirs publics envisageraient de conduire une nouvelle expérimentation plus approfondie à ce sujet dans les prochaines semaines. Le nombre de départements tests serait élargi, et la pratique de la circulation interfile associée à de nouvelles règles de conduite.
Marie Gautier-Melleray reconnait en effet que la majorité des accidents ont été la conséquence de conduites qui ne respectaient pas les règles très strictes de l’expérimentation. De nouvelles devraient donc être posées et mieux communiquées, notamment auprès des associations de motards.
Une nouvelle expérimentation en ligne en bonne voie
C’est d’ailleurs en association avec ces derniers que les pouvoirs publics souhaitent mener la prochaine batterie de tests. De quoi ménager notamment la Fédération française des motards en colère (FFMC) pour laquelle la circulation interfile est plutôt une bonne chose : « En moto, vous êtes plus en danger derrière une voiture qu’à côté », clame t-elle.
En gage de bonne entente, la FFMC espère de son côté qu’une vague de contraventions ne vienne pas sanctionner les motards en attendant la nouvelle autorisation (elle invite à cet égard ceux qui se feraient sanctionner à prendre contact avec elle). La Fédération appelle aussi les motocyclistes à la prudence : en effet depuis cinq ans, ils étaient couverts par leur assurance moto en cas d’accidents liés à la circulation interfile, ce qui n’est désormais plus le cas.