La crise sanitaire a poussé les aspirants conducteurs à se tourner vers les auto-écoles en ligne, en particulier lors des deux confinements. Mais la plateforme qui doit leur permettre de s’inscrire à l’examen pratique, Candilib, se retrouve débordée depuis des mois.
Le succès des auto-écoles en ligne
À la faveur des restrictions imposées par la crise sanitaire, de nombreuses activités se sont développées en ligne depuis bientôt un an, et parmi elles, les auto-écoles en particulier. Pour les aspirants conducteurs qui souhaitaient obtenir leur permis l’année dernière, ces dernières ont même été un passage obligé.
En effet, lors du premier confinement, les auto-écoles « physiques » ont dû baisser le rideau comme nombre d’autres activités non-essentielles. En toute logique, il n’était pas non plus possible de passer le premier examen de France entre mars et mai. Les auto-écoles ont entretenu quelques jours l’espoir de demeurer ouvertes lors du second confinement, en novembre, pour finalement demeurer de nouveau fermées durant un mois.
Ces deux périodes de fermeture administrative ont permis aux écoles de conduite à distance d’exploiter au maximum un filon décelé il y a quelques années. Fondée en 2015, l’auto-école en ligne agréée En voiture Simone revendiquait ainsi une croissance de 35% de ses inscrits au cours du confinement du printemps. Sa principale concurrente, Ornikar, a deux ans de plus au compteur, et se présente comme la « première école de conduite de France », avec plus d’1,3 million d’inscrits, et surtout 420 000 nouveaux venus en 2020. (Elle a aussi lancé, en fin d’année dernière, sa propre assurance auto, à destination des jeunes conducteurs).
Des candidats libres qui attendent une place depuis des mois
Depuis leur création, l’attractivité de ces plateformes repose d’abord sur leurs tarifs, qui se veulent ultraconcurrentiels par rapport à ceux pratiqués par les structures physiques. Selon une enquête de l’UFC-Que Choisir, le forfait pour 20 heures de conduite est en moyenne 400 euros moins cher en ligne. Le passage du code seul vous revient, généralement, jusqu’à dix fois moins cher.
Il va sans dire que la possibilité de réviser le code chez soi et à moindre coût a séduit de nombreux aspirants en 2020. Toutefois, pour ne pas poser une concurrence déloyale aux auto-écoles classiques, ces plateformes n’ont pas pu proposer de cours de conduite non plus durant les deux confinements, malgré leur système qui repose sur des moniteurs indépendants, et sur des possibilités horaires plus étendues.
Mais pour les élèves qui sont parvenus à faire leurs heures entre les deux confinements, ou depuis début décembre, c’est un nouveau calvaire qui commence. En effet, ces auto-écoles nouvelle génération ne disposent pas des mêmes facilité que leurs aînées pour inscrire leurs prétendants à l’examen. Il faut généralement compter un délai d’un mois en sortant d’une auto-école « classique », contre six à neufs mois en zone tendues en tant que « candidat libre ».
Et ce délai déjà imposant peut s’étendre encore bien davantage. La faute aux défaillances d’une plateforme lancée par l’État : Candilib. Fruit de la libéralisation du permis, ce site est chargé de trouver une place pour l’examen pratique aux candidats « libres », c’est-à-dire ayant obtenu leur code et effectué leurs heures à l’aide d’une auto-école en ligne. Les centres d’examens sont tenus d’y ajouter leurs créneaux vacants.
Un « Doctolib » du permis dysfonctionnel
Très sollicité depuis son lancement, le site, qui se veut aussi simple d’utilisation que le célèbre « Doctolib », subit les retards des examens décalés en raison des confinements. Pire encore, ce service originellement gratuit, reposant sur le principe du « premier arrivé, premier servi » se voit parasité depuis quelques mois par des robots pirates qui proposent aux candidats de les notifier (moyennant rétribution) dès que l’une des rares places se libère.
Une situation qui contraint les candidats en attente depuis des mois à reprendre des heures pour ne pas perdre la main, et revenir ainsi à ce que leur aurait coûté un forfait classique. De plus, ils sont souvent refusés ensuite par les auto-écoles traditionnelles, qui désapprouvent la libéralisation de leur profession.
Pour sortir de l’impasse, une nouvelle plateforme doit finalement voir le jour d’ici quelques mois, en juin. On ignore encore si elle remplacera l’actuelle. Il faut espérer qu’en l’absence de nouveau confinement le retard accumulé s’étale enfin d’ici-là, et que des places d’examen se libèrent pour les conducteurs en attente du précieux sésame.