En janvier 2021, 638 000 prêts garantis par l’État (PGE) avaient été distribués par les banques aux entreprises depuis mars 2020, pour un montant de 130 milliards d’euros. Au même moment, bon nombre de chefs d’entreprises voyaient approcher avec inquiétude la date des premières échéances qu’ils devaient rembourser pour ces prêts. En effet, selon la Fédération Bancaire Française (FBF), l’anniversaire de souscription des PGE concernera environ 200 000 entreprises en avril 2021, 140 000 entreprises en mai, 170 000 en juin, 50 000 en juillet, et 100 000 entre août et décembre 2021. « Le contexte sanitaire ne permet malheureusement pas un fonctionnement normal de l’économie française et beaucoup d’entreprises restent à la peine, a rappelé la Confédération des PME (CPME). Imaginer qu’elles dégagent à très court terme une rentabilité supérieure est illusoire. Bien au contraire, pour un grand nombre d’entre elles, les difficultés s’accumulent et la trésorerie comme les fonds propres sont au plus bas. »
Trésorerie et fonds propres au plus bas
Lors de la conférence de presse avec le premier ministre sur les mesures contre la Covid-19, le 14 janvier, Bruno Le Maire a voulu montrer qu’il entendait les craintes des dirigeants d’entreprises. Les banques ont été encore une fois sollicitées par le gouvernement afin d’accorder cette fois-ci, à toutes les entreprises qui le souhaitent un différé d’un an supplémentaire pour commencer à rembourser leur prêt garanti par l’État. La FBF a donc invité les chefs d’entreprise à prendre contact avec leurs banques, afin de mettre au point les modalités de remboursement souhaitées selon leurs situations particulières, deux à quatre mois avant la date anniversaire de souscription du PGE. « Une entreprise ou un professionnel qui en ressent le besoin, quel que soit son secteur, pourra ainsi intégrer dans la phase d’amortissement une nouvelle période d’un an où seuls les intérêts et le coût de la garantie d’État seront payés, en restant dans une durée totale de prêt pouvant aller jusqu’à 6 ans », a précisé la Fédération dans un communiqué. Philippe Brassac, directeur général du Crédit Agricole et président de la FBF, a estimé au micro de Radio Classique, le 15 janvier, qu’entre 5 et 10 % des entreprises pensaient qu’il leur « serait difficile in fine de rembourser les PGE ».
L’enjeu stratégique du renforcement des fonds propres
Les demandes de moratoire ou de report d’échéances des autres prêts contractés par les entreprises les plus touchées par la crise, hors du champ des PGE, « qui sont aussi un motif d’inquiétude pour beaucoup d’entrepreneurs », a indiqué le ministre, seront également examinées favorablement, mais « sur une base personnalisée ». Les possibilités de reports d’échéances de prêts des entreprises s’ajoutent à un ensemble de mesures gouvernementales de soutien à l’économie annoncées en ce début d’année :
– non-prise en compte du produit de la vente à distance ou à emporter dans le calcul du chiffre d’affaires de référence pour le fonds de solidarité
– passage de l’aide forfaitaire de 10 000 euros du fonds de solidarité à une indemnisation couvrant 20 % du chiffre d’affaires 2019 jusqu’à 200 000 euros par mois
– prise en charge de 70 % des coûts fixes des entreprises subissant les conséquences des fermetures administratives
– différé d’amortissement comptable des biens non utilisés, etc.
Le renforcement des fonds propres des entreprises constitue un enjeu stratégique pour les prochaines semaines, a enfin insisté Bruno Le Maire. Les prêts participatifs soutenus par l’État, pour un montant d’environ 20 milliards d’euros et dont la garantie de l’État sera ajustée au volume, en seront le principal outil.