Le sujet des SUV (sport utility vehicle) semble intarissable : c’est désormais au tour du WWF de jeter la pierre à ces véhicules à mi-chemin entre le 4×4, la berline et l’utilitaire. L’ONG dédiée à la protection de l’environnement et au développement durable les accuse d’être très polluants et d’empêcher la France d’atteindre ses objectifs écologiques.
La popularité croissante des SUV est mauvaise pour le climat, d’après le WWF
Dans un rapport publié ce mardi 6 octobre, le WWF estime que la croissance de la part de SUV dans le parc automobile français est « incompatible » avec l’engagement de la France dans la réduction des gaz à effets de serre (GES). En effet, les SUV sont passés de 5 % du marché des voitures neuves en 2008 à 38 % en 2019. Et d’après le WWF, ces véhicules plus lourds et consommateurs représentent désormais « la deuxième source de hausse des émissions de GES énergétiques en France de 2008 à 2018, juste derrière le secteur aérien ». « Un SUV par rapport à une voiture standard, c’est 200 kg, 25 cm de long et 10 cm de large en plus », lit-on dans le rapport.
Aujourd’hui, la voiture individuelle est responsable de 16 % des émissions en France. De leur côté, les SUV émettent « en moyenne 20% de GES de plus que le reste des voitures ». Ainsi, « les 4,3 millions vendus en France en une décennie ont une empreinte carbone équivalente à 25 millions de citadines électriques », d’après l’organisme environnemental.
De facto, le WWF juge que les malus actuels « ne parviennent plus à réduire les émissions du parc automobile ». Ces malus sont d’ailleurs en augmentation à partir de 2021. Il faut dire que depuis 2016, les émissions de CO2 moyennes des véhicules neufs ne diminuent plus, alors qu’ils étaient en pente descendante depuis 2009. Pour l’ONG, cela est dû à l’augmentation du poids des véhicules (+ 14 % en 10 ans) et de leur puissance (+ 21 % pour les véhicules à essence).
L’électrification des SUV ne suffit pas, pour le WWF
Une des idées proposées pour répondre aux objectifs écologiques est donc l’électrification des SUV. Si l’on la concilie avec une « politique de sobriété », c’est-à-dire un développement des solutions de mobilité alternative et de transports en commun, il serait possible de « diviser par deux les émissions d’ici 2030 ». Mais pour le WWF, c’est une « fausse bonne solution ». L’organisme justifie : l’empreinte carbone de ces véhicules est « sur l’ensemble du cycle vie, de 34 % plus importante que celle des citadines électriques ».
« Sans un recul des ventes de SUV assorti d’une politique de report modal et de sobriété, la France ne respectera pas l’accord de Paris [ndlr : cet accord a pour objectif la lutte contre le réchauffement climatique] », a fait savoir l’association. « On voit clairement qu’on va dans le mur. Nous mettons ces scénarios sur la table pour que le gouvernement prenne ses responsabilités », alllègue Pierre Cannet, directeur du plaidoyer de WWF France.
L’association en faveur du climat prône elle aussi une taxe au poids
Le WWF réclame donc une « politique ambitieuse » et a émis plusieurs propositions, dont certaines sont similaires à celles exprimées par la Convention citoyenne pour le climat. On retrouve donc par exemple l’idée d’une taxe au poids sur les véhicules. À partir de 1,3 tonnes, les voitures thermiques subiraient une pénalité fiscale ; les voiture électriques seraient concernées à partir de 1,8 tonnes.
Autre idée du WWF, proposer la prime à la conversion pour d’autres modes de transport que l’auto, « pour permettre la mise au rebut d’un vieux véhicule polluant en échange de ‘titres mobilités’ (chèque multimodal) » par exemple. Elle désire aussi une tarification de stationnement différenciée en fonction du poids et de la taille du véhicule, ainsi que la suppression du critère européen « masse », qui avantage les constructeurs de modèles plus lourds tels que Mercedes, Audi ou BMW.