À la fin de l’année 2010, Google annonçait relever le défi de la voiture autonome avec la Google Car. Équipée d’un système de pilotage automatique, plusieurs automobiles avaient parcouru plus de 225 000 kilomètres sur le sol californien. Coup de projecteur sur cette innovation technologique digne des fantasmes des meilleurs récits d’anticipation.
La « Google Car », une voiture qui peut se déplacer toute seule !
Le concept de la Google Car est simplissime : développer un système de conduite autonome permettant à l’auto équipée de rouler sans que l’intervention d’un conducteur soit nécessaire. Toutefois, la réalisation d’un tel projet ne fut guère aisée. Pour autant, cela n’a pas arrêté le géant californien, qui a mené ses expériences jusqu’à aboutir au projet que nous connaissons actuellement.
À l’origine du programme de pilotage, on retrouve Sébastian Thrun, qui se trouve également être le co-inventeur de Google Street View. Et les avantages de ce programme sont nombreux : sans conducteur, exit les dangers dus à la fatigue ou à l’inattention, l’automobile s’absout de l’erreur humaine. D’ailleurs, Google avait déclaré en novembre 2015 que seuls « 17 accidents mineurs » avaient été recensés sur plus de 3 millions de kilomètres parcourus. Quant à l’assurance auto ou encore au système de bonus-malus, cela prête à penser…
En effet, la question de la responsabilité juridique peut diviser avec un tel système ! Aujourd’hui en France, on classe l’autonomie des voitures en 5 niveaux (de 1 à 5) et l’enjeu est de passer du niveau 2 à 3, les niveaux 4 et 5 demeurant encore au stade de l’expérimentation technique. De nombreux flous juridiques entourent toujours la conduite et les sinistres potentiels concernant la voiture sans chauffeur. Il est donc complexe et ambitieux de répondre clairement à la question de la responsabilité.
Un ordinateur de bord qui anticipe les dangers et distingue les usagers de la route
Pour permettre à ces véhicules autonomes de circuler, Google les a équipés d’un ordinateur de bord analysant et prédisant les mouvements aux alentours. L’équipe en charge du projet s’est d’ailleurs spécialement focalisée sur la conduite en ville où le trafic est le plus dense et contraignant. En plus d’une simple détection de mouvements, la Google Car est capable de distinguer les différents usagers sur la route. Elle établit une différence claire entre piétons cyclistes, voitures ou même bus. Son ordinateur peut détecter plus de cents mouvements en même temps.
Au départ, Google X, division de la compagnie Mountain View avait proposé des outils de visualisation et de contrôle destinés à des autos « classiques ». Puis, la firme a mis au point sa propre voiture. Finalement, dans le courant de l’année 2014, on a découvert une petite voiture à mi-chemin entre la voiture sans permis et la petite Smart (photo).
En Californie, les voitures autonomes avaient été autorisées à la circulation le 16 septembre 2014. Néanmoins, pour pouvoir rouler avec, il faut obéir à certains critères décrétés par le gouvernement californien. Il faut avoir obtenu son permis depuis une période minimale de trois ans durant lesquels aucun accident n’a été déploré. Le « passager » doit avoir les compétences nécessaires pour prendre le contrôle de la voiture en cas de besoin. En outre le conducteur doit être muni d’un permis spécial : « Autonomous Vehicle Testing ». À savoir qu’à l’origine, Google comptait proposer une voiture sans volant ni pédales, mais l’état californien a indiqué qu’un chauffeur devait pouvoir reprendre le contrôle du véhicule.
Vidéo – la collision de la Google Car avec un bus
Le 14 février 2016, une Google Car s’est trouvée pour la toute première fois impliquée dans un accident responsable sur les routes de Californie. Selon le « Department of Motor Vehicles » (DMV), organisme gouvernemental chargé de l’enregistrement des véhicules et des permis de conduire, une Google Car (modèle : Lexus RX 450h) est entrée en collision à 3 km/h avec un bus roulant à 24 km/h. Fort heureusement, aucun blessé n’a été à déplorer. Bloquée sur la file de droite, la voiture sans chauffeur a laissé passer plusieurs véhicules avant d’essayer de s’insérer dans la circulation, et ce en dépit de l’approche d’un bus.
À la décharge de la Google Car, la personne qui se trouvait à son bord pensait que le bus allait s’arrêter ou ralentir pour permettre le passage du véhicule. Mais, il n’en fut rien ! Dans un rapport rédigé après l’incident, la firme de Mountain View a reconnu sa responsabilité avant d’annoncer que son algorithme allait être « affiné » pour tenir compte de cet incident.
2016 : Alphabet, maison mère de Google, confie le projet à Waymo
En 2016, le groupe Alphabet, maison mère de Google, a donné rendu sa division en charge des Google Cars indépendante. La nouvelle entité a été nommée Waymo a commencé à mettre en place en avril 2017 un service de taxis autonomes à Phoenix, dans l’Arizona. En décembre 2018, l’entreprise a lancé « Waymo One », une application permettant de commander une course à une voiture autonome depuis un smartphone.
Depuis, Waymo continue à développer le programme de Google pour amélioré sa sécurité et le rendre toujours plus opérationnel.
Des chinois ainsi que d’autres constructeurs travaillent aussi sur la voiture autonome
Dès 2015, la Chine s’est mise à développer la voiture autonome avec Baidu, à l’origine un moteur de recherche chinois. Baidu a d’ailleurs été le troisième site le plus consulté d’Internet en 2019. Mais ils sont loin d’être les seuls à s’intéresser à cette technologie révolutionnaire. De nombreuses entreprises et constructeurs s’y penchent déjà depuis quelques années.
En 2020, plusieurs acteurs du marché relèveront le défi. C’est par exemple le cas d’Uber, qui va encore plus loin avec la présentation d’un taxi volant autonome en collaboration avec Hyundai au CES 2020. De son côté, Cruise, la division véhicule autonome de General Motors avance sur la voiture sans chauffeur. D’autres marques américaines seront à retrouver : Tesla et son Autopilot bien sûr, Ford et Argo AI, nuTonomy en provenance du MIT (Massachusetts Institute of Technology), Apple, Nvidia, qui fabrique notamment les fameuses cartes graphiques GTX ou encore Intel avec l’israélien Mobileye.
L’Europe est également dans la course avec Volkswagen, toujours en recherche d’un partenaire, BMW et Mercedes qui sont déjà en collaboration, Volvo mais aussi les équipementiers allemands Continental et Bosch. Enfin en France, on retrouve Renault-Nissan qui a déjà dévoilé les concepts Symbioz ou la EZ-GO, ainsi que PSA avec son programme AVA (Autonomous Vehicule for All).